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Alors, comme ça, c’est la guerre ?

Alors, comme ça, c’est la guerre ?

Le monde se prend pour un drame en 4 actes de Racine ou de Corneille (oui, c’est méchant pour ces deux grand auteurs, mais qu’est-ce qu’on s’emmerde dans leurs pièces sérieuses et pessimistes, au delà de la beauté de la langue), je dois dire avec une certaine efficacité.

Effets de manches et déclarations pompeuses garantis.

Depuis un certain temps, cela devient une habitude, au point de devenir lassant. Des héros, des catastrophes, des « valeurs », de la « démocratie » à toutes les sauces, des sauveurs de tous poils, des remparts contre les vilains, on en a plein nos médias. « L’heure est grave, nous sommes face à l’Histoire (avec un grand H), la France et l’Europe sont en danger ! Le grand méchant loup va nous manger (en l’occurrence, c’est un ours)… Aaaah ! »

Tremblez braves gens, il a le couteau entre les dents et va venir tuer dans vos bras vos enfants et vos compagnes ! Comme à la grande époque de l’URSS (dont ils semblent bien nostalgiques, tous ces gens… C’est vrai quoi, comment continuer à rendre Bond, James Bond crédible si la Russie devient sympa ? Certes, certes, il y a la mafia mondiale, le Grand Méchant qu’on ne voit jamais et qui rêve de toute puissance pour devenir le Roi du monde… Euh oui, mais ça, c’est un peu eux… Isn’it Davos compatibles?) Donc  ne reste que le vilain-malade-fou-dictateur-méchant P. pour terroriser les foules afin qu’elles acceptent de se faire ratiboiser et de ratiboiser les gens des nations d’en face qui n’ont rien demandé.

Voyons plus loin. Petite analyse systémique de la pièce. Je vous préviens, cela ressemble un peu au théâtre de l’absurde.

Petit synopsis de la pièce:

Acte 1: Mettre en place le règne divinisé de l’Argent.

Cette histoire ne date pas d’hier. Six siècles ont été nécessaire pour assoir la puissance de l’argent comme unique ressort de notre monde. La Renaissance. L’invention de la Banque, l’Argent comme unique référence du monde et possibilité d’Etre. Si tu n’as pas d’argent, « tu n’est rien » dirait foutriquet. L’éviction de toute différence, de tout ce qui est hors du cadre. Les pauvres, les vagabonds, les êtres spirituels (je n’ai pas dit les religieux), les femmes…

Acte 2: L’Argent et la Science.

Le siècle des Lumières, l’apothéose de la cupidité bourgeoise au XIXeme siècle. La toute puissance de l’homme (riche) qui est plus fort que le monde et le soumet grâce à la technique et la science.

L’argent qui permet la Recherche scientifique qui elle-même s’imagine atteindre la Vérité (et non plus comprendre le réel, avec sa partie inconnaissable). Rêves dorés de toute puissance… Le Veau d’or qui permet l’intelligibilité ultime qui fait autorité, qui n’est jamais, au grand jamais contestable. L’univers dans nos mains. Le riche « sait ».

Remarque en passant: je parle ici de la fausse science, celle qui domine, totalitaire, le scientisme du XIXeme siècle. Ces experts qui croient tout savoir et l’assènent aux commun des mortels du haut de leurs titres pompeux, tels de nouveaux dieux. Je ne parle pas des vrais chercheurs, qui font de la vraie science, et qui savent, humblement, que la recherche est sans fin et ne saurait s’ériger en autorité car le Vérité est insaisissable aux hommes.

Acte 3: Le monde technologique, dystopique où tout doit être contrôlé par les écrans.

La technique qui procure le monopole de l’argent. L’argent qui permet à la technologie d’exister. Quelles sont les entreprises les plus riches du monde ? Les entreprises  financières et numérique… Oh surprise !

Après une matérialisation du monde à outrance dans les deux premiers actes (L’or de monseigneur, « il est l’or », « ma cassette. »…), il s’agit de le dématérialiser pour enlever toute puissance à l’individu autrefois valorisé contre le groupe, maintenant dénié. Isolé, à l’intelligence ridiculisée, aux savoirs méprisés, l’être humain a besoin d’être augmenté par la machine… Mais cela demande beaucoup d’argent… Donc, seule une minorité le pourra. Tant pis pour les autres… Les inutiles n’ont qu’à disparaître (puisque la production se fera de façon automatique, la ressource humaine n’est plus nécessaire à l’enrichissement de l’élite.) Dommaaage…

Quel beau programme, n’est-ce pas ?

Alors aujourd’hui, pourquoi ne pas mettre en place une petite guerre pour :

1. D’abord pomper toutes les ressources encore présentes dans le peuple, récupérer l’argent des services publics devenus « inutiles » comme les gens, au nom de l’effort de guerre à venir. Racler tous les fonds de tiroirs pour garantir le niveau de vie luxueux de nos « élites » qui nous aiment tant, au nom de la défense de notre pays, de notre Europe et de nos valeurs. Parce que le DANGER est à nos frontières… (où? où? Je ne vois rien…).

Bon, en fait, on nous fait croire à un ennemi construit de toute pièces pour nous terroriser… nous empêcher de voir et de penser… et protéger leurs avoirs. Un Gnafron dans un théâtre de marionnettes. Ça a marché en 14, en 40 (qui n’est que la continuation de la guerre de 14), avec les boches qui mangeaient les enfants et les français, pour les gens de l’autre côté du Rhin qui ne devaient faire guère mieux… Alors pourquoi pas ?

2. Et si cela ne suffit pas, une vraie guerre, avec du sang et des larmes, pour éliminer tous ces gens qui ne sont rien et qui gênent dans le paysage de ces élites autoproclamés.

Alors, non.

On ne va pas se laisser prendre à leur ruse grossière. Cela fait longtemps que l’on sait que le théâtre de marionnettes est un théâtre.

Ils sont pitoyables et ridicules. Ils vont se vautrer, les pieds dans le tapis, pauvres mauvais acteurs à la perruque de travers.

Car cela ne marchera pas. Pour deux raison de bon sens.

D’abord, il faut être deux pour faire la guerre et la Russie n’a aucun intérêt et donc envie de se lancer dans cette connerie. L’Europe va juste se rendre ridicule. Et finir de se ruiner.

Ensuite parce qu’on peut être pauvre de leur argent mais riche du nôtre. Plein de période de l’Histoire ont fonctionné (et bien) sans cette suprématie du capital (Nota bene: l’argent est utile aux échange mais devient toxique quand il s’accumule. Sinon, c’est une très bonne chose… Ne me faites pas passer pour ce que je ne suis pas. )

Heureux de vivre, de bambocher, de trinquer, de rigoler et de s’aimer. De s’engueuler aussi. Mais ensemble. Et de prendre soin les uns des autres, en particulier des plus fragiles. Libres, autonomes, joyeux, partageant ce que nous produiront de notre travail, échangeant des biens et de services qui ont du sens, respectueux les uns des autres. Tout ça grâce à l’intelligence collective, bien plus, mais alors bien plus puissante que leur IA (qui au passage n’est qu’une grosse mémoire qui fait les liens).

Concrètement, je ne sais pas à quoi cela va ressembler. Je ne suis ni gourou, ni devin.

Parce que comme tout le vivant, cela poussera tout seul, incontrôlable et puissant, résultante de tas de pensées, d’actions, de projets, de gestes, de sourires et d’espoir… de la part de tas de gens…

Comme un rosier qui rompt l’asphalte et finit pas dégommer l’autoroute.

Alors, n’ayez pas peur ! Ne soyez même pas en colère ! Hauts les cœurs ! On a le devoir de croire à notre avenir, et de le prendre en main au lieu de nous lamenter.

Prenez place dans ce grand théâtre de l’histoire et moquez vous d’eux!

Moquez vous aussi gentiment de vous-mêmes, cela fait du bien… Ça évite de se prendre la grosse tête (comme eux)!

Le règne de l’Occident vainqueur et dieu du monde est fini. Tant mieux.

Vive le monde multipolaire des humains…

PS: Le numérique est un merveilleux outil, mais a besoin d’une main humaine pour le contrôler.

Re PS: Le seul souci, c’est que ces cons ont l’arme nucléaire…

 

De l’angoisse de l’amour

Je suis incorrigible.

Je suis une incorrigible amoureuse.

Je pars à fond la caisse, et j’imagine l’homme qui s’intéresse à moi, plutôt que de le voir tel qu’il est.

Et là ça coince.

Soit j’idéalise.

Soit je dramatise.

Il serait temps, petite moi, d’arrêter de vivre comme si ta vie était un roman, une nouvelle ou un putain de bouquin de gare à 3 sous. D’assumer le réel et d’apprécier ce qui m’est offert de vivre.

cette nuit avec D. Pas terrible.

Après avoir fait des folies de nos corps sur lesquelles je ne vais pas m’appesantir mais qui nous ont globalement satisfaits… il s’est agi de dormir.

Et c’est là que ça a coincé.

Ayant tous les deux un certain âge, nous ronflons. Moi, je ne m’en rends évidemment pas compte mais il paraîtrait, et je le crois, que je pourrais en remontrer à un tracteur pétaradant avec ampli. Bon. C’est ainsi, je n’y peux rien.

J’ai donc proposé à D une nuit sereine avec moi, loin de lui et de son repos, très loin. Dans la pièce à côté.

Quitte à se retrouver le matin pour voir si on a encore un peu d’énergie pour se la jouer jeune.

Il n’a pas voulu.

Je n’ai pas compris. Il a sans doute sous estimé mes nuisances sonores et sa propre résistance.

Possible. Mais au bout d’une heure ou deux, la lumière aurait du se faire dans son esprit. Chambre à part obligatoire. Ben non.

Il a persisté à me garder à ses côtés, gentil dans le fond mais je me suis faite engueuler dès que j’avais le malheur de sombrer dans le sommeil… .

J’ai essayé de ne pas dormir, pour ne pas perturber son repos, mais dans la nuit noire, dans un lit, après une journée fatigante, allez résister au sommeil ! De toute façon, j’ai très peu dormi car dès que vaincue, je plongeais sans même m’en rendre compte, je me faisais réveiller par le monsieur sus-dit: grognements, petits coups sur les côtes, changements de position ostensible, râleries. Une fois, deux fois, trois fois…

Lui aussi ronflait, mais bon, il est chez lui, je ne peux lui reprocher de faire du bruit.

Vraiment pourquoi s’est il acharné à refuser  que j’aille ailleurs…? Si c’est pour râler et me reprocher d’avoir envie de dormir…

Coincée. Raide et épuisée, luttant de toutes mes forces mais perdant régulièrement la bataille, j’ai attendu le matin, et j’ai fini par aller dormir deux heures à côté. En colère.

Parce que oui, je suis en colère. Je trouve idiot de se bousiller la vie comme cela.

je suis crevée, il est crevé. Et ce n’est vraiment pas agréable.

L’histoire merveilleuse que je croyais vivre s’est un peu explosé en vol…

Qu’est ce que je vais en faire, maintenant, de cette histoire… ?

redevenir raisonnable et, d’abord, poser mes limites (je vais dormir à côté, Point, et ensuite l’accepter tel qu’il est et voir si cela me convient…

ce qui n’est pas gagné

Mais à mon âge, on n’a plus le loisir de prendre du temps… et se tromper. Soit c’est top, soit c’est rien.

Est-il possible d’être heureux dans un monde bouleversé ?

Non seulement c’est possible, mais c’est notre devoir.

Notre bonheur a une répercution sur le monde et notre exemple permet aux autres de garder espoir.

Notre bonheur ne dépend pas de ce qui se passe autour de nous.

Oui, mais…

Aujourd’hui, 2024, l’horreur de la violence la plus brutale, la plus ignoble, la plus dégeulasse semble submerger le monde. L’ukraine martyrisé par ses propres dirigeants et ses soi-disant amis qui la saignent à blanc sans aucun scrupule et se la partage comme un poulet rôti; le Congo, qui s’entre déchire sous le regard bienveillants des rapaces qui guigne son sous-sol, les ouighours, les musulmans de l’inde, de Birmanie, terrorisés dans l’indifférence générale (il faut bien faire des affaires, ma brave dame !); les peuples d’Amazonie et d’Indonésie, témoins d’une sagesse antique massacrés au nom du profit et des mines; et Gaza… l’enfer sur terre…

Les océans, les terres et le ciel souillés par les déjections immondes de notre modernité et qui crèvent sous nos yeux…

Ca ne pousse pas à être heureux… Certes, certes…

Mais changer la donne, s’extraire de ce que l’on croit obligatoire et revenir au respect de soi et du monde. Limiter nos plaisir matériels au profit du bonheur. Faire un pas de côté vers l’invisible et revenir à nos besoins essentiels si simples à contenter: aimer, partager, manger ce que l’on produit dans le coin, rencontrer des gens pour de vrais et avoir de vrais boulots utiles, productifs et agréables à faire, dont on peut être fiers. Mais surtout aimer, rire, aimer, jouir, aimer, faire confiance, aimer…

Faire confiance aux autres, à la terre et aux océans, à tous ceux qui se lèvent pour se défendre et changer la donne. Tenaces, solides, dans la vérité, indéracinables, parce que issu du réel.

Ne plus consommer comme des cons, enfermés dans des injonctions paradoxales et tarées, de la naissance au décès. Obéir, se soumettre, avoir peur (du CO2, du russe, des terroristes, de l’Islam, de celui qui est bronzé mais pas à St Tropez, de celui qui voudrait vivre dignement de son travail et récrimine, le syndicaliste, d’un virus…), se soumettre, avoir encore plus peur, consommer, regarder des écrans, ne pas penser, ne pas imagnier, rentrer dans le rang du petit mouton qui se laisse mener à l’abbatoir…

Ah ben, oui, mais on ne va pas revenir à l’âge de pierre, dites donc ! Se priver de plastique et de télévision? Se priver de caddy plein d’emballages remplis de merdes chimiques que l’on va ingurgiter à grand coup de boissons gazeuses à ramoner les WC? Se priver de la facilité de tout commander de son canapé, entre une série et une pizza livrée à domicile? Se priver de son petit confort égoïste dont on a pris l’habitude, du RER le matin et de la machine à café devant laquelle on esbaudit les collègues du récit de notre barbecue du week-end et/ou de notre dernier cruch (achat, sex tape, voyage, formation… au choix)? Se priver de se moquer de ces cons de complotistes qui ouhouh ont peur d’une petite piqûre qui nous a sauvé la vie et des formes graves et ne voient pas que Assange (ou tout autre personne vouée aux gémonies par les médias mainstream) il est très méchant comme ils disent bien les experts à la télé… Se priver de notre monde humiliant et débile qui nous méprise et nous rend stupide ? Se priver des petites pilules qui rendent heureux sans faire d’effort ? Se priver d’alcool de sexe et de drogue (pour les élites) ? Penser ? Regarder le réel ?

Mais vous n’y pensez pas ! Quelle horreur ! Terroriste ! Antisémite !

Ok Ok…

Chacun mène sa route. Mais que le troupeau aille à l’abîme en chantant et suivant le joueur de flute, ne nous oblige pas à le suivre. Laissons-les à leur bonheur préfabriqué qui aboutit au désespoir.

Et, nous, prenons la liberté d’être heureux…. Parce que c’est le meilleur moyen qu’à un moment donné, le troupeau, étonné, va se détourner de l’abîme. Pas tous, mais assez pour que le système ne puisse plus tenir. Il n’y aura pas assez d’andouilles consentantes. Convaincre pas l’exemple et non pas le discours, non par le conflit. Sourire et se taire, les laisser vivre comme ils veulent, mais être là, serein, heureux, dans une autre voie…

En tout cas, en attendant, rien ne m’en empêchera. Si, une seule chose… Que je sois seule.

Mais je ne suis vraiment pas seule… Loin de là…

Mille et Une nuits. Nuit zero avant l’infini

Loin de toi je l’imagine

 

Dans la nuit, au bord de la plage, devant le ressac des vagues puissantes de l’océan,

devant le vol des oiseaux et le disque rouge du soleil qui plonge dans l’infini liquide,

je nous imagine…

 

Et ton nom s’envole au vent du large.

 

Cela fait un bail…

Le monde part dans tous les sens et moi avec… plus le temps de me poser pour écrire mes petites chroniques sans prétentions. Le taf, la course contre le temps, les impératifs et l’impression d’avoir de moins en moins la direction du petit bateau qu’est ma vie…

Et tout ça, pour rien, ou pas grand chose. C’est la course à l’échalote qui nous rend vides.

Donc, non. Je m’arrête. Je regarde où je suis, qui je suis et dans quelle état j’ère (elle est éculée celle-là, mais je l’aime bien).

Le constat est très bof.

Je me contente de jouer un rôle. Mal parce que je n’aime pas jouer un rôle.

ILEKTAN , « les branches… » en touareg

Ce soir, Moncontour, bar.

Les gens parlent fort, rient aux éclats, tanguent un peu, renversent leurs bières, brassent de l’air et s’intéressent surtout à leur petit nombril… ça gueule, ça fait les cons, ça frime.

Quelques uns, quelques unes écoutent. Peu nombreux.

Sur la scène, trois gars.

Un touareg, un cubain (mais je ne suis pas sûre d’avoir bien compris avec le brouhaha ambiant) et un algérien aux percussions.

Et une musique.

Une musique qui parle du vent dans le désert, des yeux noirs des filles, et des sourires des garçons qui les regardent.

Qui parle des étoiles et des tentes, de liberté, de beauté, et de sable.

De pâturages, de puits d’eau fraiche, de chèvres malignes et de fleurs sur un tapis ou une oasis.

De passion, de souffrance et d’amour

De choses à la fois très étrangères dans ce petit village de Bretagne et universelles…

C’était magnifique.

Et pitoyable de voir ce public qui, au mieux se trémoussait, au pire regardait ailleurs et à qui ont aurait pu envoyer n’importe quelle tube de boum boum, pour le même résultat. Bourrés, irrespectueux, imperméables à ce qui n’était pas leur petite vie dans leur petit pays qui se prend encore pour quelqu’un de supérieur et se croit encore riche.

J’ai eu honte. Honte de cette incompréhension, de cette petitesse, et de ce côté minable de mon pays.

Ce soir j’avais devant moi l’illustration de l’Histoire du monde en ce moment.

La jeunesse, le talent, la musique, la créativité d’un côté, une Afrique et une Amérique latine qui prend conscience de sa force et de ses richesses.

La peur du déclassement, la bêtise de celui qui croit tout savoir, le désespoir de celui qui ne réalise rien dans sa vie et n’est plus que l’esclave de la télé et de la violence. Alors, ils boivent, se raccrochent aux branches cassées de leur splendeur passée.

Et sont sourds.

Tant pis. L’avenir du monde est au Sud. Cette soirée, cela m’a semblé tellement vrai.

Et longue vie au groupe Ilektan! Ils créent avec leur musique ce dont le monde a tellement besoin :  l’émerveillement du monde

J’ai du partir car je devais suivre ceux qui m’avaient emmené en voiture. Je l’ai regretté. Malgré le bruit parasite, j’aurais bien écouté jusqu’au bout… J’espère une autre fois.

https://www.youtube.com/watch?v=hUCEgFpXDtI

Le Livre de mes mères

 Celles qui ne devaient pas naître

« A votre avis, qu’est-ce qu’une faute ? 

« - La faute ? Mais c’est une carence de paroles, une impossibilité à dire, à s’assumer comme un être humain, un être de langage. »

Dialogue entre Nina Canault et le psychanalyste Didier Dumas (Comment paye-t-on la faute de ses ancêtres)

«  Le lourd silence de ceux qui tiennent leur langue, qui se terrent, qui n’osent respirer normalement de peur d’encourir la fureur du tyran, même lorsqu’il n’est pas là. »

Règlement de compte à Kensington, Allison Montclair.

Préambule

Ce travail n’est pas un travail d’histoire familial. Du moins pas dans le sens classique d’une généalogie. Ce que je vais écrire sur les femmes (et les hommes) de ma famille ne correspond pas à des faits vérifiés ni à une vérité historique.

Il s’agit plutôt de l’histoire émotionnelle et inconsciente, donc d’une certaine manière largement fantasmée après coup, lors de la transmission intergénérationnelle, de notre lignée matrilinéaire.

Cette « histoire » sous jacente de peurs, de croyances et d’interdits, consécutifs à de la violence, de la brutalité et de la honte, qui s’est transmise à bas bruit, de mère en fille, sans mots, sans conscience, de corps à corps, ces non-dits, ces non révélés, ces fantômes, impactent nos choix, nos identités et nos vies de filles, sans même que nous en ayons conscience.

Il est temps de sortir du silence ces traumatismes pour les guérir enfin…

Dire ce qui n’a pas été dit est une gageure.

Dire la peur, les larmes, les souffrances, la honte, la terreur lorsque cela n’a pas été possible de le dire lorsque cela s’est produit, lorsque cela appartient à des générations très anciennes, lorsque l’évènement qui a été à l’origine de ces émotions refoulées est tellement lointain qu’on l’ignore complètement, semble absolument impossible.

Et pourtant…

La mémoire transgénérationnelle passe par le corps. L’inconscient est un coffre inexpugnable qui conserve tout ce qui n’a pas été « digéré », toutes ces émotions négatives (la colère, la peur et la tristesse du deuil), et il le transmet aux générations suivantes.

Ce qui est inscrit en nous existe. Des ressentis, des croyances, des manières d’aborder la vie les rendent actuels et les mettent à notre portée pour peu qu’on s’y attelle. Cela apparaît lorsqu’on se voit faire ou dire quelque chose que l’on sait mauvais pour soi mais « qu’on ne peut pas s’en empêcher ».

On peut utiliser la créativité et une part de fiction pour remettre des mots sur des ressentis. L’important, c’est que l’émotion originelle soit entendue, les circonstances exactes ne sont pas importantes. Il ne s’agit pas d’un tribunal mais d’un soin, de réparation, de pardon.

Le récit ci-dessous est sombre.

Seules les émotions négatives marquent une lignée, car elles ont besoin d’être dites par le langage, d’être traitées et sorties des limbes par les mots pour avoir un sens et pouvoir « passer », s’évanouir. Les émotions positives, et j’espère, et je crois, qu’elles ont été présentes elles aussi, dans les vies de mes ancêtres, ont été vécues et dites de façon normales. Il est accepté de dire la joie d’un amour, du sourire d’un bébé ou d’une réussite. Elles ne sont donc pas refoulées et donc ne font partie que de la vie de celle (ou de celui) qui la vit au présent.

Elles ne se transmettent pas.

Donc, le récit que je vais donner n’est que la transcription de tout ce qui est à nettoyer dans ma lignée maternelle, et non le récit des vies de mes mères. Je ne parle que de ce qui s’est déposé ensuite dans leurs enfants, et donc en moi. Cela explique que ce soit assez terrible.

L’autre face, celle qui était lumineuse, a bien existé, mais elle leur appartient et je n’y ai pas accès. Il est d’ailleurs de ma responsabilité de générer la propre face lumineuse de ma vie.

Cela explique ce travail.

Il est important, en effet, que cela s’arrête enfin, pour retrouver la liberté de vivre, et la joie d’exister.

Pour moi, pour mes enfants et paradoxalement pour toute ma lignée, qu’elle soit passée ou à venir.

Pépé,

l’homme qui m’a autorisé à être femme

J’étais assise par terre, au bord du balcon chez ma grand-mère maternelle, à St Cloud.

Je balançais mollement mes jambes dans le vide, le buste appuyé à la rambarde de métal blanc. J’avais 10 ans. J’avais devant moi un petit jardin soigné et lumineux dans cette fin de matinée. On devait être en avril. Il y avait dans l’air cette légèreté et cette douceur du printemps si caractéristique de l’Ile de France. J’aimais bien être là. Je pouvais rêver en toute liberté devant les rangs de salades bien alignées, de pommes de terre et de poireaux, encadrés par les herbes aromatiques et toute une armée de petits fraisiers des bois.

Ce matin là, je me laissais aller à la douce caresse du soleil, les yeux mi-clos, toute entière dans la sensation d’exister. Ma grand-mère était dans la cuisine et préparait le repas.

Le téléphone sonna.

Quelques minutes après, elle venait me voir, le visage triste, un peu inquiet.

- Agnès,  ton grand père est mort.

- Pépé ?

- Oui

- Ah bon.

Elle a été un peu choquée de mon calme et de mon apparente insensibilité. Elle est retournée dans la cuisine.

Je n’étais pas insensible, je ne comprenais pas.

Pour moi, mon grand père que j’adorais et qui était aussi un des rares membres de ma famille à m’aimer vraiment, était vieux. Il n’avait pourtant que 73 ans, mais pour une petite fille de 10 ans, 73 ans, c’est très vieux et on m’avait dit qu’il était dans l’ordre des choses de mourir quand on était vieux. Donc pourquoi aurais-je été surprise ou désespérée ? Ce qui se passait était simplement naturel.

Pour moi, la mort ne voulait rien dire. Je n’y avais jamais été confronté « pour de vrai ». Bien sûr, j’en avais entendu parler, mais c’était une sorte d’abstraction, un mot vide de sens sur lequel les adultes dissertaient et que j’écoutais d’une oreille distraite. On m’avait tellement présenté la mort comme un voyage merveilleux que je la prenais comme telle. Certains chantres de la religion valorisent la souffrance et la mort, ils ne retiennent de l’histoire de l’Eglise que les martyrs, les saints souffrants, le sacrifice et la punition des péchés. Le bonheur et le bien être sont renvoyés aux calendes grecques, plus précisément à une période après la mort. J’ai été élevé dans cette ambiance. La mort, c’était une sorte de voyage qui séparait les gens pour un temps. “Quand on est mort, on va retrouver Jésus.” Donc, ce n’est pas triste… Mon Pépé était parti rencontrer son père, ses pères, son Dieu, enfin, bref, quelqu’un qui l’aimait. C’était plutôt bien, non ? Alors, pourquoi craindre le grand passage puisqu’elle est la seule manière d’accéder au bonheur? Pourquoi devrais-je être triste puisque, enfin, mon Pépé allait enfin avoir le droit d’être heureux. Lui qui ne l’avait pas vraiment été lors de sa vie…

Ma mère en parlait tout le temps mais c’était pour moi une sorte de manie pénible à laquelle je m’étais habituée. Car, enfin, elle parlait tout le temps du bonheur de mourir et elle était toujours là, vivante, année après année…

L’absence de quelqu’un, la durée de cette absence, le temps vide et triste de l’absence, je n’en avais aucune idée. Mon grand père allait me manquer cruellement. Je ne le savais pas en cette matinée radieuse qui célébrait la puissance de la vie. Je ne le reverrai pas de toute ma vie. Ce serait long. Je ne le savais pas.

Et puis, l’absence, c’était, dans ma petite vie d’enfant solitaire une donnée fondatrice. Laissée la plupart du temps à moi-même, je n’imaginais pas ma vie autrement que solitaire. Cela ne me plaisait pas vraiment mais je l’acceptais comme une fatalité un peu triste. Je n’avais pas le choix. Mais l’absence définitive, ça, je ne connaissais pas encore. C’est après, bien après, lorsque j’ai eu besoin de lui et qu’il n’était pas là, que j’ai réalisé. Mais, c’est vrai, ce jour là, je n’ai pas pleuré. J’ai accueilli la nouvelle avec une sorte d’indifférence ignorante, du moins en apparence…

Parce que je me souviens avec exactitude de cette journée, de son odeur, de sa lumière, de ses moindres détails. Elle a profondément marqué ma vie. Ce fut sans doute le jour de la fin de mon enfance. Mon protecteur était parti, je serais désormais vraiment seule.

Désormais, j’allais vivre dans un univers dirigé et contrôlé par les femmes.

Féminité

A l’origine de ma féminité, de mon « être femme », il y a des mères.

Comme tous les êtres humains, ma vie a commencé dans le ventre d’une femme, par l’amour d’un homme, magie de la vie, union du principe masculin déposé là et du principe féminin qui l’attendait. Union de mon père et de ma mère pour créer un être différent et unique, qui aurait les racines de ces parents mais serait libre de développer ses propres frondaisons.

Dans le couple de mes parents, le Père n’avait pas droit de cité. Ainsi en avait « inconsciemment » décidé ma mère.

C’est ma mère qui m’a portée, mais sans la participation de mon père, évincé, comme souvent à l’époque du mystère de la grossesse, une affaire de femme… D’autant plus qu’il n’était là que comme une utilité. Ma mère ne lui permettant pas de prendre une place dans sa vie, mes parents ne formaient pas un couple, mais une association dans la quelle chacun avait un rôle qu’il remplissait honnêtement, mais où la tendresse n’existait pas. Mon arrivée n’était d’ailleurs pas une bonne nouvelle pour mon père, qui n’y a vu que des verrous fermant un peu plus sa prison.

Ces prémisses de ma vie, bien au chaud dans le giron maternel, m’a permis de me construire et m’a transmis son héritage tel qu’elle l’avait reçu de sa mère et celle-ci de sa mère, avec les histoires particulières de ma famille maternelles et les croyances qui s’y sont construites au fil du temps. Nichée au creux de son ventre, j’ai participé pendant 9 mois à toutes ses émotions, et j’ai vécu, comme tous les bébés, tout contre son inconscient.

Elle ne le savait pas, mais j’étais une fille. Et dans ma lignée maternelle, être une fille, cela avait de graves conséquences…

Une fois née, l’héritage des femmes de ma famille paternelle me fut aussi donné, en particulier par le regard tendre, affectueux et émerveillé de mon grand père, Pépé.

Ces deux héritages, contraires, ont modelé mon être femme, dans une guerre sans merci dans laquelle mes mères ont d’abord été victorieuses, m’imposant la négation de ma féminité et la haine de Soi parce que fille. Peur, terreur même, colère, tristesse insondable, tout m’a été transmis comme un héritage.

C’est cette histoire que je raconte ici.

Je suis donc issue, comme tous les êtres humains, de la rencontre de deux lignées de femmes qui ont vécu, au long du temps, un destin radicalement différent, opposé.

La famille de ma mère vient de L’Est de la France, l’Alsace et les Vosges, et certainement de plus loin encore à l’Est et au Nord de l’Europe. Ces régions ont été, au fil de l’histoire particulièrement martyrisées au gré des conquêtes et des volontés de puissance des princes de ce monde. Le petit peuple, en particulier, et les femmes parmi ce peuple, a payé le prix fort. Massacres, destruction des récoltes, confiscation du bétail, villages incendiés, et viols, étripages variés, crimes divers. Quelque soient l’origine des troupes, ce fut horrible.

Dans ce contexte, les femmes de ma famille ont subi le poids et les souffrances du patriarcat le plus brutal. Dans une société violente, où la peur et la brutalité règnent en maître, la compassion et l’amour n’ont pas beaucoup droit de cité.

Les hommes, impuissants face aux hordes armées (militaires, malandrins ou même force publique, qu’importe) reportent facilement leur hargne sur plus faible qu’eux. Enfermées dans un rôle de soumission et de victime, mes mères ne se sont pas aimées. Impuissantes à protéger leurs enfants et en particulier leurs filles de la violence du monde, elles se sont détestées. Elles ont haï leur nature de femme.

Ont elles été aimées ? Quand je vois l’ampleur de leur haine d’elles-mêmes et leur acceptation de leur esclavage, j’en doute. Elles ont aussi eu beaucoup de mal à s’aimer entre-elles, l’amour n’était plus dans leur langage d’être.

Non respectées, traitées moins bien que le bétail, dont on prenait soin car il avait de la valeur marchande, battues, violées, elles ont construit leur vie sur la certitude que cela était normal, pour ne pas devenir folles, pour ne pas être exclues de leur communauté, rejetées ou même tuées.

Elles ont transmis à leurs filles, de génération en génération, une haine de la féminité, du soi-femme, et une colère contre elles-mêmes qui les a emprisonnées dans un rôle de martyres, comme une malédiction. Leur seul recours, la religion et la respectabilité, les enchaînait dans ce rôle. « Supportez, ma brave dame, vous gagnez votre Paradis ».

Très souvent, j’ai ressenti cette condamnation sur ma vie, qui me rendait incapable d’être heureuse et impuissante à prendre ma vie en main… Très souvent, j’ai cru que ma vie ne pouvait dépendre que de la bienveillance d’un homme, sorte de prince charmant mythique qui n’arriverait jamais ou qui se transformerait très vite en crapaud. Mais l’espoir fait vivre… Sans cesse déçu, sans cesse renouvelé…

Dans le silence hypocrite de cette société bienpensante, elles ne pouvaient que se soumettre et refouler la colère légitime qui se levait en elles lorsque les hommes dépassaient les limites et se permettaient toutes les violences et les humiliations à leur encontre, sûrs de leur bon droit et parfois simplement ignorants et indifférents à la souffrance qu’ils généraient.

Mes mères maternelles ont éprouvé une colère immense qu’elles ont retournées contre elles. Une colère immense qui les ont amenées, aussi, à castrer leurs fils, une colère immense que j’ai hérité d’elles et que j’ai eu contre elles car j’ai refusé de partager leur soumission. Je leur en ai voulu d’avoir tant subi, d’avoir trouvé cela normal, acceptable, et de m’imposer cette attitude parce que j’étais une fille.

A côté de cela, mon Pépé m’avait fait passer le message, dans ses yeux bienveillants et dans ses bras respectueux, que non, cela n’était pas normal, que non, cela n’était pas bien, et que je pouvais vivre autrement que comme une servante des hommes. Une lutte de Titan s’est engagé dans mon paysage intérieur : quelle femme étais-je ? Qui étais-je ? Qui allais-je choisir d’être ?

Dans la lignée de ma famille, l’amour n’a pas eu droit de cité. Il a été broyé, humilié, ridiculisé et dévalorisé, utilisé uniquement pour la domination des hommes. Les femmes ont aimé et les hommes ont pris. Déçues, les femmes ont eu beaucoup de mal à s’aimer et à aimer leurs filles. La haine se soi s’est installée et transmise bien avant Arthémise…

 

Je ne suis pas très douée pour la haine

J’ai un problème.

Dans ce monde stéréotypé, je suis censée choisir mon camp.

Ce qui veut dire haïr certaines personnes, et fermer subrepticement les yeux sur les défauts des autres. Forcément, ceux qui sont contre ceux qu’on doit haïr, c’est des gentils !

Or, j’ai beau essayer de toutes mes forces, je n’arrive pas à rentrer dans la logique binaire de mes contemporains et à hurler avec les loups lorsque cela est nécessaire. Il faut dire que je ne suis pas très douée non plus pour obéir. Ni pour éviter de poser des questions.

Il faut toujours que je fasse des remarques à la con qui cassent l’ambiance !

Quelque soient les opinions des gens avec qui je suis censée passer un bon moment, il y a toujours le silence gêné, entre la poire et le fromage, où j’interviens dans une conversations qui roulait sans soucis et où tout le monde reprend à qui mieux mieux les jugements abrupts que tout le monde accepte: il y a le méchant et le gentil (versus les méchants (les pas-comme-nous) et les gentils (nous)).

Et tout le monde s’exclame dans un bel ensemble : »mais tout à fait! » « mais, ouiiii! » « exactement! », ajoutant même des exemples de trucs « vécus » racontés de source sûre par la cousine du coiffeur de la tante de la voisine qui prouve que c’est bien cela… Sous entendu, puisque nous détestons la même personne ensemble, c’est que nous appartenons, nous, au groupe des gentils. (NB de la rédaction, c’est le biais intra-groupe qui crée la cohésion des groupes)

Et tout le monde de vouer aux gémonies, d’un même élan rassurant, au choix : Poutine (il fait un peu l’unanimité, lui), les vaccinés ou les non vaccinés, les musulmans ou les franchouillards, les zasistés et les fonctionnaires,  les anti-nucléaire ou les pro-nucléaires, les terrorisés ou les septiques du changement climatique…chacun ayant LA solution au problème en question qui passe par la haine et l’élimination du « méchant » par des méthodes adaptées et assez imaginatives. « et je le disais pas plus tard qu’hier à une personne très bien placée, c’est très simple il suffit de supprimer Machin (ou Machins, la haine s’adresse aussi à des groupes) et voilà !, tiens passe moi la bouteille, il fait soif, merci… »

Bref, le moment très gênant où j’interviens, disais-je, pour dire, « oui, mais… »

Oui mais… n’est ce pas un peu plus compliqué que cela ?

Oui mais… condamner et dire que tout est la faute du « méchant » ou du groupe des « méchants », est-ce que cela va résoudre quoi que ce soit ?

Oui mais… dans quelle mesure nous avons la possibilité, sans parler du droit, de juger et de condamner les actes de quelqu’un que nous ne connaissons pas, et dont nous n’avons pas le dossier?

Oui, mais, l’autre en face, que vous adoubez comme le gentil de l’histoire, est-il si gentil que cela ?

Oui, mais, quelle responsabilité avons-nous dans l’histoire ?

Oui, mais… pourquoi ? Comment en est-on arrivé là ?

Et là, deux possibilités: soit les gens me regardent, interloqués, gênés, avant de reprendre de la purée parce que bon… je suis bien gentille mais un peu bizarre, et qu’ils sont polis ; soit les gens essaient de me contredire avec des affirmations (outrées) et me coupent la parole lorsque j’essaie d’expliquer mon point de vue parce que tout ce qui dépasse 10 seconde 5 centième les gave et ils ne sont pas là pour s’embêter à remettre en cause leurs certitudes. En plus, ils ont vu des experts (versus des youtubeurs antisystème) qui leur ont dit LA vérité à la télé (versus sur le Net), alors bon… passes moi le gâteau, « il est délicieux, Josette , félicitation »

Bon. Alors je me tais… et je reprends du gâteau.

Mais quand même, je n’aime pas la haine. Il y a toujours une raison à nos conneries humaines et il me semble que les responsabilités sont toujours partagées. comprendre me semble plus utile que détester et accuser. La plupart des gens ne sont pas méchants gratuitement (mis à part quelques psychopathes, assez rares… oui, certes, le problème c’est quand une poignée de ces gens prennent le pouvoir, je le reconnais) et essayer de comprendre au lieu de haïr me semble une meilleure façon de résoudre les problèmes.

Reste les psychopathes… même eux je n’arrive pas à les haïr… Ils me font pitié.

Ils sont stupides, vides, incapables d’aimer et d’être aimés, terrorisés, seuls, en bataille contre tous, paranos, minables et très moches dans leur volonté narcissique de la ramener à une façade parfaite, avec leur moumoute, botox, vêtements hors de prix et chirurgie esthétiques. Ils ont besoin de stimulis de plus en plus forts pour avoir l’impression de ne pas être morts. C’est triste. Ils sont vraiment ridicules…

Il faut les empêcher de nuire, certes. S’en protéger en mettant le plus de distance possible entre eux et nous (la meilleure distance étant l’indifférence, l’humour et la liberté intérieure).

Mais haïr, non.

Ce serait leur donner trop de pouvoir sur nos vies, leur donner raison.

Vous voyez, je ne suis vraiment pas douée pour haïr.

Il était une fois… Ridicule

Il était une fois une petite fille qui vivait dans un grand palais, dans une grande ville du Sud de son pays, avec ses parents et ses deux frères.

Elle avait un grand père très sage qui l’aimait beaucoup et une grand mère très douce qui lui faisait d’époustouflantes tartes à la rhubarbe et aux fraises et surtout de grands sourires tendres et émerveillés. Et heureusement, parce que dans les murs du grand palais, elle se sentait très seule et pas du tout importante. Voire gênante. Emmerdante. Nulle. Sans le dire jamais, sa famille se comportait de telle manière qu’elle comprenne qu’elle aurait mieux fait de ne pas naître. Comme sa mère, et sa grand mère avant elle et ainsi de suite.

Il n’y avait que l’un de ses frères qui acceptait de jouer avec elle. Il n’était pas beaucoup mieux loti qu’elle mais si, quand même un peu. Puis, peu à peu, l’âge aidant, il se rangea à l’avis général de la famille. La petite fille était un problème. Elle ne faisait que des bêtises, la première étant d’avoir l’outrecuidance de vouloir exister, et tant qu’à faire, exister heureuse.

Elle aimait le soleil de sa ville, la mer chatoyante, les balades dans la campagne environnante, la joie des tourterelles qui s’invitaient à aimer, la beauté des ciels azur, les senteurs des pins et des romarins, la douceurs des pétales des fleurs de ciste. Elle était faite pour aimer, admirer et contempler la magnificence du monde. Pour la chanter, la danser, l’écrire et la rendre à ses comparses de vie. La donner. La rendre accessible aux autres. Etre le petit pont, tout simple et tout humble entre la beauté du monde et les gens qui l’habitent. Passeuse. Artiste.

Mais, tout cela n’avait aucune valeur aux yeux des gens du palais.

C’était pour eux foutaises et foutriquet. Pas sérieux. Ridicule !

A chaque fois qu’elle se laissait aller à un peu de poésie, ses frères ne manquaient pas de se moquer d’elle.

  • Spaghetti-poilue-cucul ! Ouh ! La nulle ! Pour qui elle se prend ? Ouawf haha !

Oui, le vocabulaire de ses frères ne distinguait pas par sa haute créativité. A leur âge, pourtant, Rimbaud avait déjà écrit le Bateau Ivre. Mais c’était le dernier de leurs souci. Un va-nu-pied comme ces artistes ne pouvaient que mal finir. Très mal d’ailleurs : Sans argent .

L’argent était comme pour beaucoup de familles à cette époque, qu’on appelait bourgeoise, l’alpha et l’omega de la vie. Réussir, c’était être riche, et le rester. Etre intelligent, c’était acheter pas cher, revendre cher (pour faire du profit) et empêcher tous les vilains de leur prendre leurs sous.

Le pire vilain était ce méchant Etat, avec ses impôts, qui venait leur demander de partager cet argent durement gagné grâce à leur position sociale, leur héritage et un peu à leur travail (un travail bien rémunéré situé dans des immeubles cossus dans les meilleurs quartiers de leur ville, un travail prestigieux qui les faisaient régner sur une petite cour de salariés, un travail aux conditions d’exercice qui leur permettaient d’avoir une vie confortable, qu’elle soit familiale ou de « deuxième bureau » affriolant de dentelles sexy, bref, un « bon travail ».)

Et pourquoi fallait il qu’ils partagent ? Pour ces faignants de pauvres qui ne faisaient que profiter des aides sociales et s’acheter des écrans plats au lieu d’investir dans leurs enfants ? « Si on n’a pas les moyens d’avoir un écran plat, et bien on s’en passe !  Moi, je ne vais pas tous les quatre matins à St Barth, enfin ! ». Le côté cocasse de l’affaire est que ce sont les mêmes qui payent des cabinets de conseil marketing pour élaborer des campagnes de promotion à la grande surface du coin pour vendre des écrans plats à des prix « exceptionnels » « super affaire ! », à ces mêmes pauvres.

La famille de la petite fille n’était pas tout à fait comme cela. Son accession au château était récente et elle n’avait pas encore pris toutes les habitudes de la bourgeoisie. D’ailleurs, celle-ci le leur faisait savoir et ne l’acceptait pas vraiment dans ses raouts et autre pince fesses.

Trop nouvellement riche, pas assez riche, trop honnête, la famille n’avait pas les relations et le réseau qui lui permettait de « rendre service ». Donc, pas intéressante.

C’est pourquoi une des stratégies de la famille était de « bien se marier », en particulier pour la fille. Etant une fille, elle ne pouvait décemment pas faire une belle carrière, donc elle devait trouver un mari riche pour sauvegarder sa position sociale de « gens du château ». Ne pas tomber chez les manants.

Or, la petite fille répondait à cela qu’elle voulait un mari qui l’aimait et se moquait comme de l’an quarante qu’il soit riche.

  • Haha ! Tu vas épouser un potier et tu vas traîner dans la boue.

  • M’en fiche, si on s’aime

  • Qu’elle est ridicule ! Oh la spaghetti-poilue-cucul romantique. Mais la vie c’est pas comme ça, ma petite…. Non, mais, qu’elle est ridicule ! Décidément, rien à en tirer…

Et l’autre frère de renchérir :

  • Pas la peine de lui donner quelque chose de valeur, elle va le gâcher.

  • Oui, elle ne respecte pas l’argent !

  • Une catastrophe !

Les parents de la petite fille n’intervenaient pas. Parce qu’ils n’étaient pas là. Son père était à ses chasses, et sa mère dans son monde. Mais globalement, même si ce n’était pas pour les mêmes raisons, ils étaient d’accord avec leurs fils : leur fille était ridicule et assez nulle.

Son père avait eu l’espoir de pouvoir en faire quelque chose, à un moment donné, parce qu’elle était brillante à l’école (où on ne la trouvait ni nulle ni ridicule), mais il avait renoncé devant la volonté de sa fille de ne pas avoir la carrière commerciale qui ne lui convenait pas du tout. Décidément, cette enfant était décevante et ne pouvait que tout rater…

Alors, petite fille face à ces quatre « grands », elle a cru ce que l’on disait d’elle. Elle s’est mis à penser qu’elle ne méritait pas d’appartenir à cette famille, qu’elle n’était vraiment pas assez bien, qu’elle avait un truc sale et dégueulasse en elle qui empêchait sa famille de l’aimer, qu’elle ne méritait pas d’être. Encore moins d’être aimée. Qu’il était inutile d’essayer de faire quelque chose de sa vie car elle le raterait forcément. Non seulement elle était nulle et ridicule, mais en plus incapable et stupide. Elle ne pouvait que tout rater. Elle n’aurait pas du naître, elle était un truc désagréable qui embêtait tout le monde comme un vilain bouton sur la figure de la belle jeune fille qui se prépare à aller au bal.

Cette interdiction de vivre et d’elle-même s’est imposée à elle comme une vérité.

Elle lui a obéi.

Pourtant, quelque chose en elle se rebellait contre cette condamnation féroce. Quelque chose dans le regard de son Pépé, et de sa grand mère, de ses professeurs lui laissaient entrevoir qu’elle n’était pas cette catastrophe ambulante. Mais qui était-elle alors ?

Alors, elle avait enfermé sa vraie nature dans une carapace loin des regards, loin de cette réalité terrible, loin des paroles de sa famille, dans un monde imaginaire qu’elle était seule à connaître, et dans les livres qui parlaient d’un monde qui lui plaisait. Un monde où les petites filles étaient aimées pour ce qu’elles étaient, étaient encouragées à développer leurs talents, où, même s’il y avait des difficultés, elles pouvaient s’épanouir librement sans être ridicule.

Pour protéger ce monde, qu’elle savait être d’encre et de papier, et sur lequel elle ne se faisait aucune illusion, elle s’est faite une façade de petite fille marrante et gaie, tendre et soumise, un peu inconsistante, irresponsable, qui ne dérangeait personne et passait inaperçue. Elle se gardait juste de quoi ne pas mourir en mettant en place, en douce, le minimum pour ne pas trop se trahir.

Derrière la façade, solitaire pour ne pas être traitée de ridicule, elle communiait avec le soleil, les arbres et les papillons dans de grandes balades autour de la maison familiale, elle fuyait le réel dans des histoires passionnantes de temps anciens ou de lieux improbables, elle plongeait dans les mots comme dans une source fraîche, elle écrivait aussi, elle aimait le monde. Elle aimait tellement aimer !

Derrière la façade elle a été une autre, mais secrète, interdite, qui n’était accessible à personne. Et qui ne devait jamais apparaître, jamais !

Ni ses parents, ni ses frères, ni même ses amis ne la connaissaient.

Elle en avait trop honte ! C’était tellement ridicule !

Elle ajoué le rôle qu’on lui avait assigné et a bien tout raté selon les critères familiaux. Elle n’a pas fait un beau mariage, elle n’a pas eu une belle carrière, elle n’a pas non plus été écrivain ou quoi que soit d’autre… Elle a juste posé timidement des essais qu’elle n’a jamais eu le courage de réaliser jusqu’au bout. Cela lui a laissé une impression d’échec qui renforçait son idée qu’elle était ridicule de vouloir être autre chose qu’une merde…

Elle a refusé la vie soumise à l’argent et aux critères bourgeois de sa famille, mais elle s’est aussi refusé à vivre sa vraie vie. Dans un entre-deux médiocre, une non vie ridicule, elle a sombré dans un désespoir mou, agissant comme une automate…

Au lieu de la carrière commerciale que voulait pour elle son père, dans la jungle des grosses entreprises dans lesquelles elle n’aurait jamais survécu, elle devint éditeur dans la grande forêt de pierre et d’asphalte qui était au centre du Royaume.

Elle retrouvait le monde de ses amis les livres, tranquillement, humblement, ayant renoncé depuis longtemps à être elle-même écrivain. Puisque c’était ridicule d’y penser. Mais là, au moins, elle pouvait être proche de ceux qui écrivent, et elle s’en contentait. C’était juste une fuite. Et elle n’a pas vu que là aussi, il fallait se battre pour garder sa place et être reconnue. Mais comment être reconnue quand on se sent illégitime à la moindre reconnaissance et ridicule d’oser seulement y penser ?

Elle avait grandi et ce n’était plus une petite fille, mais ce n’était pas non plus une femme avec la puissance de son indépendance. Elle était encore une petite fille dans une apparence de femme.

Et puis, un jour, elle était jeune encore, elle rencontre un renard rusé.

Même si elle se foutait de cette obsession financière qui était la colonne vertébrale de sa famille, elle était héritière. C’était d’ailleurs, pour les gens du château, fort dommage, car cela représentait pour eux un gâchis ridicule, mais, bon, c’était comme ça…

Le renard rusé s’en rendit compte un jour et décida de mettre la patte sur cet argent.

Il entreprit de la séduire…

Il n’était pas potier mais prétendait l’aimer plus que tout. Alors elle l’a écouté.

La petite fille qui ne savait pas qu’elle était devenue une femme, ne savait pas ce que cela faisait d’être vraiment aimée. Elle a cru les mots doux et les stratégies apprises dans les « Méthodes pour attraper les poulettes riches » que le renard avait compulsé. Elle n’a pas vu les incohérences, les détails où apparaissaient la froideur, l’égoïsme et l’indifférence du renard à son égard.

Elle s’est laissé embarquer dans un tourbillon romantique qui ressemblait trop aux histoires à 4 sous d’une littérature de gare pour être vraie. Elle a voulu y croire. Pour une fois, quelqu’un ne la trouvait pas ridicule…

Le réveil a été brutal. Elle a repris ses croyances, les a renforcées et s’est soumise à ce maître pervers et brutal. Sa famille, considérant qu’elle l’avait bien cherché, s’est désintéressée de son sort, ce qui ne changeait pas tant que cela de leurs habitudes.

30 ans plus tard, elle a réussi à s’échapper de la prison du renard, à se libérer des croyances que sa famille lui avait imposées, à accepter qu’elle était elle-même, juste elle, une femme indépendante et libre de mener la vie qu’elle avait envie de mener. Un peu artiste, un peu rêveuse, un peu rationnelle, un joli mélange avec plein de défauts mais tellement de charme !

En tout cas, certainement pas ridicule !

Pour cela, elle a, entre autres, écrit ce livre.

 

Avant Arthémise

Les souvenirs familiaux ne remontent pas beaucoup avant mes arrière grand mères, nées dans le dernier quart du XIXeme siècle. Ce que j’ai pu apprendre par des bribes écoutées ici ou là dans les conversations des plus vieux que moi, ne remonte pas au delà.

Mais il y a inscrite en moi de bien plus vieilles terreurs, de bien pires souvenirs, qui se manifestent à l’occasion de rêves, de conscience modifiées ou de comportements aberrants. Vous savez, quand on sait très bien que l’on doit conduire sa vie d’une certaine manière et qu’on fait exactement le contraire ! Cet auto-sabotage qui vous coupe de la joie simple d’exister et de profiter des bonheurs de la vie, qui vous interdit l’amour d’un homme ou la réussite sous quelque forme que ce soit…

Cette croyance tellement ancrée en soi qu’on ne mérite pas de vivre, cette illégitimité à être aimée, cette désespérance de soi comme une évidence, cette destruction systématique du bonheur, je l’ai vécu pendant 50 ans et même un peu plus.

Les souffrances des vies de mes Mères connues sont elle-mêmes la conséquence de ces croyances. Elles les ont reçues et transmises, et se sont pliées à cette malédiction qui venait de très loin, parce qu’à leur époque, on ne se posait pas de questions, on ne se posait même pas la question du bonheur.

Le bonheur, c’était un truc de riches. D’hommes. Et généralement d’hommes riches, éduqués.

On n’avait pas le temps pour ces « bêtises là ».

Ma famille est issue, comme 90 % de la population mondiale, du peuple.

Ce peuple qui a toujours été au service des puissants et des oisifs. Parfois, il y avait un équilibre et une justice, et les riches protégeaient les pauvres, collaboraient en bonne intelligence et permettaient une société harmonieuse où chacun pouvait tracer son chemin et vivre une belle vie. Parfois non… Souvent non.

C’est d’ailleurs amusant de noter que, bien souvent, c’est lorsque les discours officiels sont le plus en faveur du peuple, que le peuple est le plus bafoué et l’élite la plus violente.

Au sein de ce peuple, petites gens, laboureurs et journaliers, colporteurs et petits artisans ruraux, les femmes ne devaient un sort enviable qu’à l’intelligence et à l’amour de leurs pères et maris.

L’amour rétablissait une sorte d’égalité de dignité et de droits là où la société avait établi une soumission absolue.

Et puis, il y a eu les aléas : les guerres, les maladies, la peste, les malandrins et les accidents. Ces évènements terribles qui impactent toujours plus les pauvres que les riches. Ces derniers ont un peu plus le moyen de se protéger là où les pauvres n’en ont aucun.

A cela, s’ajoute, pour les femmes et les enfants, les viols, les défauts de soin et les décès lors des accouchements. Il suffit de voir les cimetières anciens pour s’en rendre compte. Etre femme, c’était souffrir et mourir. C’était d’ailleurs écrit dans la Bible, alors…

Là aussi, ce furent les femmes des milieux populaires qui payèrent le prix le plus fort.

Dans la lignée de ma mère, originaire de l’Est, il y a fort à parier pour que les femmes de ma lignée aient subi les pires outrages. Ces régions ont été balayées bien trop souvent par les vents de la guerre, avec ses soudards laissés à eux-mêmes lorsque la solde n’arrivait pas ou lorsque les commandements ne les contrôlaient pas assez (ou les laissaient volontairement répandre la terreur pour affaiblir l’ennemi).

Ces soudards, donc qui mettaient volontiers les villages à sac, pillant, tuant et égorgeant à tout-va, sans négliger de violer d’importance tout jupon « baisable » qui passait à leur portée. Ils n’étaient d’ailleurs pas très difficile et cela allait de la petite fille à la grand mère, en passant par la femme enceinte.

Le pire, c’est que celles qui subissaient ces violences, et n’en étaient pas mortes, se retrouvaient « salies, déshonorées » et bien souvent chassées de leur famille, de leur village, de leur entourage, traités comme des pestiférées. Double peine.

Certaines devenaient prostituées, d’autres vagabondes… rares furent celles qui furent accueillies dans leur souffrances, soignées et ont pu reconstruire une vie. Elles étaient marquées du pêché, coupables, devenues immondes et vouées à l’exclusion du monde des gens « normaux ».

Un tel traitement, une telle condamnation sans appel, sans aucune miséricorde, n’a pu que laisser des traces terribles dans celles qui ont vécu cela et ont réussi, malgré tout à survivre… et à laisser des enfants derrière elles. Rebuts de la société, elles ont pu devenir les compagnes d’autres rebuts mâles, les seuls qui n’avaient pas le choix. Elles devaient s’en contenter, une vie sans homme étant suspecte et quasi impossible dans la société patriarcale, surtout lorsque l’on n’avait pas d’argent.

Pour donner un peu de sens à ce non sens, se mettait en place des croyances et des tabous, qui « normalisait » une situation de souffrance et de violence, pour ne pas devenir folle. En tout cas, il semble que ce fut le cas dans ma famille :

  • Les hommes ont tous les droits

  • Le viol est normal (les hommes ont des besoins et les femmes sont là pour cela)

  • On ne doit JAMAIS dire Non à un homme

  • Le bonheur n’existe pas (ou c’est pour les autres), variante : les femmes n’ont pas le droit d’être heureuses

  • les femmes sont au service des hommes

  • L’amour, c’est de la blague (sauf, éventuellement l’amour maternel ou grand maternel), et, s’il y en a, il est de toute façon sacrificiel

et :

  • Les femmes, c’est le Mal absolu. Elles sont stupides, méchantes et dangereuses. Elles ont toujours tord et créent, à elles seules, tout le mal du monde.

A cela, s’ajoute des ressentis réactionnels :

  • Les fils ne doivent pas devenir des hommes, toujours rester des petits garçons, pour ne pas devenir violents, méchants et dangereux. La colère contre les hommes responsables du malheur des femmes s’exprime dans la castration des fils.

  • Les filles doivent apprendre à cacher leur féminité, pour pouvoir exister. Leur féminité est déniée, ridiculisée, rendue honteuse. Ainsi, les mères, inconsciemment, essaient de protéger leurs filles.

  • Le monde est dangereux et il ne faut pas oser vivre. La soumission et la dépendance est le plus sûr moyen de survivre puisqu’on est totalement impuissant dans ce monde. On ne mérite pas d’avoir de la valeur : aucune estime de soi, ni confiance en soi n’est possible. Pas la peine d’essayer, de toute façon, on ne peut qu’échouer.

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