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Archives pour juillet 2022

Feel good books

Les rayonnages des librairies croulent aujourd’hui sous les titres feel good qui nous donnent, du haut de leurs couvertures aux couleurs douces, les recettes (infaillibles ! ) d’une nouvelle vie, forcément plus heureuse.

Jusqu’à présent, nous vivions comme des cons (enfin des connes, ces titres sont manifestement destinés aux femmes de 30 – 40 ans, coincées dans une vie de salariat terne et stressant dans une grande ville lambda) puisque nous n’épanouissons pas notre potentiel créatif et que nous n’ouvrons notre coeur à a vérité qui est depuis si longtemps en nous, mais que la peur et la mésestime de soi empêchent d’écouter.

Bref, de la littérature de gare, toutes sur le même modèle, très rémunérateur pour les éditeurs qui en produisent des kilomètres et qui ravissent les madames Bovary contemporaines.

Parce que, bon.

Qui a les moyens, réellement, d’aller 1 an en Italie, 1 an en Inde dans un Ashram et 1 an à Bali ? (Mange, prie, aime)

Qui a les moyens de créer une petite librairie (boulangerie – pâtisserie, bibliothèque, café – salon de thé….en gros cela revient toujours à ces activités bobo) au fin fond de la cambrousse, et d’en vivre ?

Qui a les moyens d’un voyage au Népal (en plus, le Népal, c’est d’un classique, cela fait 50 ans qu’il ne doit plus y avoir une once d’authenticité dans ce pays du Toit du monde bien entré dans la société néo-capitaliste-baba-bobo du business écolo-yoga-herbe), comme ça, au déboté, pour le fun ?

Qui a la chance de rencontrer l’amour de sa vie, à la page 150, au hasard d’une visite dans une galerie d’Art, d’un thé dans un cofee-shop, d’une catastrophe maritime ou d’une enquête policière ?

Qui peut se retrouver au chômage en lâchant un travail qui-n’est-pas-épanouissant ou qui-n’a-pas-de-sens pour décider d’aller créer une ferme pédagogique au fin fond du Larzac parce que c’est son karma? Et pouvoir continuer à avoir à manger et de l’essence pour sa voiture, et tout le reste, parce que bon…

Qui va rencontrer un gourou, parce qu’il le vaut bien, et être remarqué par le grand homme (ou femme, mais moins souvent) alors que l’on vit sa petite vie humble et cachée, sans que personne, jamais, ne nous ait remarqué depuis notre plus tendre enfance, alors que Lui, le gourou, a vu tout notre potentiel extraordinaire tout de suite, au premier coup d’oeil ?

Et surtout, qui a pu trouver la sérénité et le bonheur en se regardant complaisamment le nombril, en position du Lotus, simplement parce qu’enfin  on vous disait comment être ???

- Lâche tes peurs, cocotte !

- Oui maître. Ah Ah… oui, ça marche. Je me sens tout de suite mieux !

- Pense à l’instant présent ! Tu veux contrôler ta vie, c’est pour cela que tu es dans la mouise… Lâche prise !

- Oui. cool. Et tant pis pour le crédit de la voiture à rembourser, les traites du crédit à la consommation, les fins de mois dans le rouge, le travail à chercher, les enfants à assumer, et le loyer à payer… L’Univers y pourvoiera. il suffit de visualiser la fortune et elle viendra à moi… je lâche prise !!!! you ou…. Vive le RSA !

- Pars méditer en Asie, loin de cette société de consommation décadente de l’occident.

- Oui, maître. c’est quel budget ? (vol, hotel, repas (bon, on peut faire un jeune ou attraper la tourista, aussi), guide et colliers de fleurs compris)

Bref, ces livres m’agacent.

Comme les romans à l’eau de rose de nos grands mères, elle distillent du rêve innaccessible et détachent les lectrices du réel. Elles se voient dans la petite boulangerie au bord de l’eau, dans le café du bonheur, dans la librairie du bout du monde ou au pied de l’Himalaya,  aimées follement par un mix de Indiana Jones et du dalaï Lama, gaulé comme un dieu et intelligent et drôle comme Woody Allen (désolée, j’ai les références que je peux, j’adore Mahattan), le temps d’un trajet en RER. Elle luttent contre un gros méchant, un consortium qui veut détruire la nature ou casser leur rêve entrepreneurial et finissent par gagner parce qu’elles se révèlent à elle mêmes et qu’elles ont plein d’amis (généralement bien placés et immensément riches, ça aide).

Alors, le retour à leur boulot de caissière, la vision de leur mari (qui ne ressemble plus à Indiana Jones depuis longtemps), les  lettres de relances de l’huissier qui deviennent une collection d’Art contemporain sur la tablette de l’entrée, ça fait mal… Rajoutez à ça, les nouvelles calamiteuses du journal télé. Au choix: on va tous mourrir du changement climatique, les terroristes sont parmi nous et attendent de vous tranger la gorge cachés das tous les coins (attention à votre voisin, c’en est peut être un déguisé), le covid va tuer tous vceux que vous aimez, la crise économique va être terrible mais le gouvernement est là, version y a t’il un pilote dans l’avion?

Et on a les ingrédients parfait pour:

Frustration (ma vie est nulle, et pourtant yaka…)

Isolement (les amis sont ceux des livres et pas ceux de notre vraie vie)

Essai de faire comme ils disent: au mieux des cours de Yoga, des applis de méditation; au pire le chômage ou une faillite, et le RSA (parce qu’on a démissionné comme l’héroïne a eu le « courage » de faire, mais du coup on n’a pas le droit au chômage. Ah oui, oups, l’héroïne, elle est anglo saxonne, c’est pas le même système chez eux… c’est d’ailleurs pire. Mais l’héroïne, elle a des parents riches, un trésor de guerre conséquent de son ancien boulot ou des amis richisssimes, nous pas.)

Déprime

Victimisation/ infantilisation (où il est le sauveur ???)

Culpabilité (les autres réussissent et pas moi, j’ai quoi qui colle pas ?)

Angoisse et re – déprime (qui se tiennent la main et dansent ensemble: Faudrait kon, jy arrive pas)

Et société qui se dirige tout droit vers un « meilleur des mondes » où un crétin nous raconte des âneries et fait voter tout le monde pour le mettre au pouvoir et bien asservir son peuple. Mais, les gens sont tellement persuadés qu’ils sont impuissants et stupides, ils n’ont plus confiance en eux, et en rien, tellement terrorisés par des catastrophes annoncées, qu’ils renoncent à faire société, se repliant sur leur développement personnel… qui est encore une fois, un miroir aux alouettes.

BON.

Alors, je ne dis pas que ces livres sont les responsables de tout ça. Bien sûr que non.

je les lis aussi.

Mais ils participent au système.

Et cela m’agace.

 

Le livre de mes Mères (suite)

Marie  (1899 – 1985)

 

Ma grand mère maternelle a été la plus merveilleuse des grand mères. Je lui dois les heures les plus douces et lumineuses de mon enfance.

De la même manière que pour mon Pépé qui m’a appris à nager dans les calanques des Lecques, me soutenant dans les vagues bleues de la Méditerranée pour que je ne boive pas la tasse, elle prenait soin de moi et m’a laissé de merveilleux souvenirs.

Les tartes à la rhubarbe et aux fraises des bois de son jardin, les tambouilles improbables que je faisais dans le grand bol en pierre du bas de l’escalier, les petits déjeuners qui sentent bon, les bains dans la grande salle de bains du haut dans lesquels j’avais l’impression de mourir et de renaître en même temps, son habitude de se faire les ongles en regardant la télévision, son élégance et son odeur (Rocailles de Caron mélangé à l’odeur de sa poudre rose), nos goûters sous la voute des Galeries Lafayette (ou du Printemps, je ne sais plus) où je devais bien me tenir, émerveillée par ce luxe : les plantes vertes, les petits tables nappées de blanc, la vue sur Paris et la lumière miroitante des vitraux de la coupole parsemant le salon de thé de mille couleurs, le métro nous bringuebalant sur des sièges en bois, les réveils au chant des oiseaux, le grand escalier au tapis rouge qui me fournissait des heures de jeu au gré de mon imagination, la découverte de la lecture (de Oui oui aux Club des 5 laissés là par mes cousins) dans le garage, à côté de la voiture noire de grand père, en me cassant des noisettes de la récolte de l’année, avec un marteau sur l’établi, dans une odeur de poussière, d’huile de moteur et de bonheur…

La liberté surtout. Je n’avais rien à prouver, n’étais obligée de rien, coupable de rien… Je pouvais être moi, insouciante et enfantine. Libre.

Elle m’aimait bien. Elle m’appelait sa « Sauterelle », j’étais vive et gaie avec elle. Pépé m’appelait « Lipette » parce que je faisais beaucoup de bisous.

Mes frères racontent qu’elle pouvait être sévère, et ils redoutaient sa grosse bague lorsqu’elle leur donnait une gifle pour les corriger. Cela m’a surprise. Jamais elle n’a levé la main sur moi. Mais si elle était plus exigeante avec ses petits-fils, elle les adorait tout autant que nous, ses deux petites filles. Elle a accueilli ma cousine petite fille et jeune fille avec générosité. Elle a proposé de prendre un de mes frères, impressionnée par la violence de son grand frère. Violence familiale qui devait lui rappeler de bien mauvais souvenirs et qu’elle ne supportait sans doute pas. Jalousie entre frères pas si grave qui s’est tassée en grandissant. Mon frère est resté chez nous.

Jamais elle n’a été autre chose qu’attentionnée, juste et affectueuse avec nous. Pleine d’humour aussi. Elle avait appris l’art de l’autodérision tendre qui donne de la légèreté à la vie.

C’était une femme intelligente (bien qu’elle n’ait pas été présentée ainsi dans la famille, elle avait une réputation de femme dévouée et sévère, mais pas forcément très futée. Or elle était bien plus raisonnable et sensée que mon grand père, qui, malheureusement, ne l’a pas toujours écoutée, et a fait de nombreuses erreurs de gestion financière, mais bon.)

Elle avait une manière bien à elle de faire passer les choses importantes, l’air de rien. Prenant de l’âge et de la sagesse, elle ne lâchait plus rien, souriante, et mon grand père a bien souvent été roulé dans la farine, mais avec beaucoup de tendresse et de gentillesse. Sans pavoiser, humble et modeste, elle était forte et solide et a mené sa vie comme elle l’a décidé. Elle n’a jamais été mièvre. Elle était fière et peu causante, mais je me sentais bien avec elle. Nous nous comprenions à demi mot, pas la peine de verbiage creux…

Je me souviens d’elle comme une femme élégante, toujours tirée à 4 épingles, sentant bon et souriante. Elle savait rire aussi, surtout quand elle était un peu pompette et qu’elle perdait un peu de sa dignité de bon ton.

Elle a fait partie des piliers de mon enfance. Sans elle et sans Pépé, je serai certainement partie à la dérive. Trop seule, trop triste et trop apeurée pour avoir envie de construire ma vie.

Jamais, petite fille, je n’ai imaginé à quel point elle avait traversé d’épreuves.

La vie ne l’a pourtant pas épargnée. Mais elle a relevé le défi avec panache.

A mon amour pour elle, je peux rajouter aujourd’hui de l’admiration.

 

Née hors mariage à une époque où cela faisait d’elle une « batarde » et considéré comme une honte absolue, battue par son père, elle a fait preuve d’une force de caractère impressionnante pour ne pas s’être effondrée.

A 16 ans, elle se retrouve orpheline. Quels qu’aient été ses rapports avec sa mère, la perdre a été certainement un drame. Elle se retrouve en première ligne.

Sa tante, Joséphine, Jojo, épouse Gustave après la mort de sa femme. Venue s’occuper du foyer pendant la maladie de sa soeur, elle prend soin des enfants de son mieux, mais l’atmosphère est sombre et violente. Il y avait un sacré passif, quand même.

Jojo a eu un fils hors mariage, Albert, en 1910. Son patronyme est Charbonnier… mais il y a de nouveau beaucoup de non-dit dans cette histoire. Il me semble assez étrange que dans un petit village des Vosges où tout le monde se connaît et où il doit être bien difficile de passer inaperçu dès qu’on y met le pied, la sœur d’Arthémise, qui s’occupe du foyer de la malade, ait pu avoir une aventure avec un homme sans que personne ne soit au courant… Quant à une aventure parisienne, je ne vois pas quel espace de liberté elle aurait eu pour aller flirter, après le travail à la boutique, la gestion comptable, les repas, les courses, le linge, les enfants, le ménage et j’en passe… Par contre, il y a, tout proche, un homme de 40 ans, qui ne s’est pas distingué par le respect des femmes…

Bref…

Albert héritera de la ferme des Bagard, au Ban-de-sapt.

Pour info, la dernière sœur Bagard, Léa, institutrice, épousera un directeur d’école qui sera viré de l’Education nationale en 1939 pour pédophilie… Mais cela c’est une histoire que l’on verra plus tard.

Léa n’aura pas d’enfants.

Revenons à ma grand mère.

Nous sommes en 1915. La guerre fait rage, mais Paris ne sera pas envahie. Les taxis de la Marne ont joué ce vilain tour aux boches. Le front s’est stabilisé et a commencé la grande boucherie de cette guerre qui a traumatisé l’Europe et pour longtemps.

La charcuterie familiale, avenue Daumesnil dans le 12 ème (au 258 où il y a encore une Boucherie – charcuterie?), marche bien. Mon arrière grand père devient riche. Il est célèbre pour ses pâtés lorrains et ses produits de qualité. Il travaille dur et mène son monde avec autorité. Il a désormais des salariés, même si les membres de sa famille peuvent encore donner un coup de main. Le petit paysan pauvre des Vosges qui est venu avec son baluchon et ses sabots à Paris a réussi. Il en est fier.

Paris, pendant la guerre, continue de vivre au rythme de la propagande gouvernementale qui assure que « nos p’tis gars tiennent les boches en respect, tout se passe bien sur le front, c’est presque des vacances. ».

Les boulevards et les bistrots sont pleins et les soldats en permission. Ils ne peuvent rien dire des horreurs des tranchées pour ne pas faire baisser le moral de l’arrière. Ce serait une trahison de la Patrie et cela leur vaudrait la cour martiale. Et de toute façon, ils essaient surtout d’oublier dans les plaisirs des filles et du vin. Juste contents d’être encore en vie, mais jusqu’à quand ?

Marie aurait été au lycée et aurait eu son bac. Rares étaient les jeunes filles de cette époque à avoir leur bac et même à prétendre faire des études au delà de l’essentiel : lire, écrire, compter du certificat d’études. Une prétention intellectuelle féminine était très mal vue, tant chez les bourgeois où les qualités d’une femme était d’être douce et soumise, avec des talents pour la broderie, l’aquarelle et le piano, que chez les gens du peuple. Une femme de la bourgeoisie reste oisive et s’occupe avec ses amies, et sa « langueur » (et parfois avec ses amants). Nul besoin de grande instruction pour cela. Jusqu’en 14-18, les problèmes pratiques sont gérés par une domesticité nombreuse et corvéable à merci : la bonne, la cuisinière, la bonne d’enfants, les femmes de chambre etc. quand on voit les robes de l’époque, on comprend qu’elles ne pouvaient même pas s’habiller seules quand bien même elles le voudraient. Channel révolutionnera un peu cela, créant des vêtements plus faciles (et confortables) en chipant des pièces dans la garde robe des hommes. Les femmes ont eu envie d’agir, de conduire leur propre vie sans être engoncées dans des corsets et des tonnes de fanfreluches, qui leur serrait la taille à étouffer. Son succès vient peut être aussi du fait parce qu’après la guerre, il est devenu compliqué pour ces rentiers appauvris de maintenir une telle domesticité. D’autant plus que les domestiques ont commencé à réclamer des conditions de travail décents à travers les syndicats… La révolution russe est passée par là.

De toute façon, au delà du certificat d’étude, la scolarité étant payante, la majorité des français se posait même pas la question, encore moins pour une fille. A 12 ans, il était temps de travailler. Les garçons n’étaient pas forcément mieux lotis que les filles. Même ceux qui montraient des dispositions à l’étude et étaient brillants comme mon Pépé, allaient rarement au collège. C’était une trop grosse dépense pour une famille modeste et cela enlevait de la main d’oeuvre aux champs ou à l’atelier à une époque ou la plupart des des artisans travaillaient en famille.

Mon arrière grand père Cuny avait d’autres ambitions pour ses enfants. Il était parti de sa campagne pour faire fortune, et entendait bien y réussir, et ses enfants après lui. Devenu aisé, puis riche, il acheta des biens immobiliers, des bois dans les Vosges, et il ne serait pas surprenant qu’il ait poussé ses enfants à étudier. Il donna une dot conséquente à sa fille, qui permit à mon grand père d’acheter sa première boutique.

Mais pour l’instant, en 1915, ma grand-mère, Marie, pleurait sa maman, et allait au Lycée. Elle a du passer son bac à 18 ans, en 1917.

Les femmes pendant la guerre ont dû remplacer les hommes partis au front et de nombreuses familles s’ouvrirent à l’utilité de faire passer le bac à leurs filles pour leur ouvrir des perspectives de carrières ou au moins, de pouvoir seconder efficacement leur mari dans leur activité professionnelle. La misère des veuves de guerre qui ne savaient rien faire pour gagner leur vie, et qui se retrouvaient en charge de leurs familles, était un spectacle suffisamment affligeant pour motiver les jeunes filles (et leurs parents) à leur faire donner une possibilité d’indépendance financière par le travail.

De toute façon, les programmes, adaptés pour elles, ne les préparaient pas vraiment à une carrière. De nombreuses manières semblaient incongrues pour une femme, comme les sciences ou le latin. Pourtant, à la même époque, la France comptait une grande scientifique, Marie Curie. Mais elle était polonaise…

De toute façon, les filles étaient destinées au mariage ou au célibat sacré (bonne sœur).

Cependant, le travail des femmes a été rendu concevable à cette époque, par la nécessité. Et cette petite porte n’a cessé de s’ouvrir tout au long du 20 eme siècle, grâce à la ténacité de quelques unes, et l’intelligence de certains hommes politiques en 1945.

Il ne faut pas rêver, en 1917, date probable de l’obtention de son bac par Marie, elles ont été peu nombreuses, généralement issues de familles aisées (cela coûtait cher) et uniquement dans les grandes villes. Il y avait à Paris 7 lycées qui acceptaient des jeunes filles. Les lauréates du Bac n’étaient que quelques centaines en France sur les 7 875 admis en 1917.

Cependant, je suis assez fière que ma grand mère ait fait partie de ces précurseuses (?) et cela ne m’étonne pas. Elle avait une intelligence vive et une finesse d’esprit que j’appréciais, même si je ne sais pas si les autres membres de ma famille s’en étaient rendus compte…

Donc, Marie, fille de charcutier prospère, a pu aller à l’école, au collège et au lycée. Elle réussit certainement et je pense qu’elle y trouve un vrai plaisir. Et elle peut aider son petit frère à faire ses devoirs.

En 1918, Marie a 19 ans. Ni son père, ni son frère n’ont été mobilisés. La charcuterie marche bien. Elle a une belle dot et elle vit dans le Paris des années folles. Elle se coupe les cheveux et porte des chapeaux cloches. Elle porte ces nouvelles robes qui laissent voir les chevilles sur des chaussures files à brides et talon bobines. Elle n’a plus de corset, et va voir ses amies pour prendre le thé ou une boisson un peu plus canaille. Cela dit, elle n’a jamais supporté l’alcool et avait la tête qui tournait avec un seul verre de vin. Elle avait le vin gai, au demeurant et riait et chantait volontiers lorsqu’elle avait un petit coup dans le nez. Ma mère et moi sommes pareilles. L’alcool désinhibe et laisse voir une nature bien plus rigolote que lorsque nous sommes sobres.

Bien sûr, elle ne fait pas partie de ces oisifs qui vont de fêtes en soirées et finissent de se ruiner à coup de champagne et de dîners fins, dans une ambiance de libération sexuelle où tout est permis. Cela dit, les hommes ont toujours été libérés sexuellement, cela ne changeait pas grand chose pour eux. Mon autre grand-mère, Louise, racontait que petite dame du téléphone alors à ses débuts, elle avait entendu une conversation des gens du « château » où deux mondaines gloussaient en évoquant leurs jeux à la soirée de la veille, jeu qui consistait à se peindre les fesses. Leurs arrières petits enfants artistes qui font des performances à poil et à peinture, n’ont rien inventé, en fait…

A 19 ans, on rêve et on se sent forte. On se promet d’être heureuse. Comme toute les jeunes filles de son âge, Marie a envie de vivre et de rencontrer un mari. En attendant, elle passe son baccalauréat et est sage et soumise à ses devoirs. Elle observe de loin ces jeunes qui s’affirment, couchent et méprisent ce vieux monde bourgeois rassis. La « faute » plane.

Cependant, il y a toujours eu dans les yeux de ma grand mère, cette lueur d’indépendance amusée et maligne. Un peu comme la musique de Caravane Palace.

Elle va toujours jouer avec le cadre pour ne pas subir sa vie et se faire, malgré tout, une place une place dans laquelle elle va se sentir bien. Se soumettre en apparence mais se jouer de ces gros lourdauds que sont les hommes pour vivre sa vie à elle.

Ma grand mère n’a jamais été une victime. Elle n’a jamais, non plus, renoncé à aimer. Et elle a su se respecter malgré le poids du patriarcat et l’égoïsme des hommes. Elle a traversé la vie avec dignité et beaucoup de sagesse.

Une autre « rumeur » que j’ai attrapé sur la jeunesse de ma grand mère (était-ce elle qui me l’a dit, ou une cousine de ma mère ?, je ne sais plus), c’est que Marie a été une fois ou deux, mannequin pour Poiray. Grande et mince, cela me paraît possible. Très « parisienne », ma grand mère a toujours fait attention à être élégante et bien habillée. Elle aimait les vêtements de qualité, bien coupés, sans ostentation mais qui « feraient de l’usage ». Elle me disait de toujours d’acheter des vêtements de qualité, même chers, car ils restaient longtemps impeccables, alors que les caprices de la mode pas chère devraient être renouvelés si souvent que cela revenait bien plus cher et donnait un rendu de « sac » après 1 ou 2 lavages. Je ne l’ai pas toujours écoutée… Mais il faut dire qu’aujourd’hui, même chers, les vêtements ne sont plus vraiment de qualité. Même en haute couture, c’est dire !

L’été, après la guerre, toute la famille retourne au Ban-de-Sapt. Paris est vidée de ses habitants de la haute qui partent en villégiature, et c’est la période des moissons et des foins dans les campagnes. On va donner un coup de main.

La situation s’est normalisée. Plus personne ne parle de la naissance hors mariage de Marie (pas plus que d ’Albert, d’ailleurs. C’est tabou. Le secret de famille se met en place.

Les vacances sont joyeuses. Les jeunes vont aux champs pour de grosses journées et se retrouvent le soir dans la joyeuse ambiance des moissons. La demoiselle de Paris comme les autres. Même échevelée sur la charrette où s’entasse le foin en une colline qu’il faut rendre stable, elle est élégante. Jolie, même. Elancée, des cheveux auburn coupés à la garçonne qui encadrent son visage, elle attire le regard des garçons. Dans quelle mesure, elle y était sensible, je ne sais pas.

Dans ces années d’après guerre qui a saigné la France, il ya encore trop de deuils, d’éclopés et de défigurés pour penser vraiment à la romance. Bien sûr il y a une revanche à prendre sur la mort et certains se sont lancés dans tous les excès. Mais pas Marie. Il ya trop de deuils dans les yeux des gens du village. Son oncle Arthur, le frère de sa mère et le seul fils des Bagard, et chez les Cuny, Jean Baptiste (40 ans), Eugène (47 ans), Alfred (20 ans), Céleste (21 ans) et Emile (25 ans) sont morts.

Les années folles, les excentricités, le nihilisme, cette révolte des jeunes oisifs et de l’Art, traumatisés par les tranchées auxquelles leur vie de bourgeois protégés ne les avaient pas préparés, ces revenus-de-l’enfer devenus sans foi ni loi, ce n’est pas pour Marie.

La violence, elle connait bien, Marie. Alors, elle est sage. Elle travaille de temps en temps à la charcuterie, étudie, fait son trousseau, ne se fait pas remarquer. Elle apprend à être élégante et tirée à 4 épingles (« c’est respecter les autres », me disait-elle), mais ne se croit pas belle. Elle est intelligente, mais n’y crois pas et se soumet. Pas question de se mettre en danger comme sa mère.

Mon grand père Henry, rentré de la guerre gazé mais entier, après les tranchées et Verdun, va profiter à fond de ses années de jeune dandy parisien… mais il est un homme. Et ils ne se connaissent pas encore.

 …

L’enfance de Marie a été douloureuse.

 

Son père la bat, lui reprochant consciemment ou non d’être la faute, la Cause de son mariage. Ambitieux comme il l’était, il espérait peut-être épouser une femme plus riche qui l’aurait aidé financièrement à monter son commerce ? Comme beaucoup d’hommes de son époque, il considère qu’Artémise, la petite paysanne vosgienne, a fait exprès de tomber enceinte pour le coincer, pour l’obliger à légaliser, à l’épouser.

C’est aberrant, vu d’ici, mais cela était tout à fait logique pour lui. C’est lui la victime. Elle lui a fait « un gosse dans le dos ». Alors elle doit « payer » la faute, supporter sa mauvaise humeur et ses coups, comme sa fille, le « résultat » de cette traitrise. Marie a donc été élevée dans l’idée qu’elle n’aurait jamais du exister et qu’elle était la cause du malheur de sa mère, de son mère et de tout le monde. Elle a relevé le gant. Mais elle a transmis cette croyance à ma mère et à moi, (et moi à mes filles) sans le vouloir.

 

A t’elle, malgré tout, aimé son père ?

J’en doute. Elle était solide et pas du tout masochiste. Elle a enfoui tout cela au fond d’elle-même pour pouvoir vivre. Mais à 80 ans passés, elle faisait encore des cauchemars où elle revivait les roustes qu’il lui donnait.

Son petit frère, lui, l’héritier, n’était semble-t’il pas logé à la même enseigne.

 

C’est mis alors doucement en place, dans ma lignée maternelle, la certitude que les femmes n’avaient pas droit au bonheur, qu’elles devaient servir les hommes, ne jamais leur dire NON (et donc que le viol est normal) et qu’elles n’avaient que des devoirs. Elles n’ont pas le choix.

 

Combien de fois ai-je entendu ma mère me dire que les hommes ayant des « besoins », il était absolument normal qu’ils prennent les filles à leur portée. Logique ! Mais ma mère, c’est encore une autre histoire…

 

L’ambiance de cette époque, en tout cas, pendant laquelle la bourgeoisie brulait ses derniers feux et écrasait de tout son prestige tous les humbles qui la servaient, était en totale concordance avec cette croyance familiale. Rien d’original.

 

Seul l’amour, le vrai, le souci sincère de rendre l’autre heureux, d’être heureux du bonheur de l’autre sans rien réclamer en retour, pouvait, dans cette ambiance, permettre une vie, je dirais sereine et normale. Il y a eu des familles respectueuses et heureuses à toutes les époques et dans tous les milieux. L’amour et l’amitié, l’attention à l’autre, l’écoute désinteressée, ont traversé les siècles parce qu’ils sont inhérents à la nature humaine et transcendent toutes les violences et les prises de pouvoir.

C’est un cadeau que certaines familles font à leurs enfants.

 

Malheureusement, cela n’a pas été le cas dans ma famille maternelle.

 

J’espère que Marie a été, au moins, aimée par sa mère. Mais je n’en suis pas sûre. Devenue mère, Marie n’a pas été tendre avec ses deux filles. Elle n’avait manifestement pas appris la douceur maternelle.

Marie se soumet, donc. Elle pense ne pas avoir le choix. Il va falloir faire son chemin en louvoyant pour ne pas se laisser détruire par un homme.

Elle observe, écoute le Paris des années 20 qui bruisse de vie et d’expériences dans tous les sens. Hemingway, Picasso, Giacométti… les créateurs étrangers viennent à paris. C’est le centre culturel du monde. La force de vie prend sa revanche après les horreurs indicibles de la guerre. Le mouvement Dada remet tout en cause, toutes les conventions et les contraintes. Puisque la guerre leur a fait vivre l’expérience du non-sens, de la folie, ils vont l’ériger en principe esthétique. Comment se réadapter à une petite vie bourgeoise après avoir vécu pendant 4 ans dans la boue, les rats et les cadavres ? La France est traumatisée. Il n’y a plus que le plaisir immédiat, compulsif, sans limites, pour combler le vide et la folie.

Dans les années 20, Marie, avec son chapeau cloche, sa robe taille basse et ses cheveux à la garçonne, rencontre Henri, dans les Vosges.

Henri est le petit dernier d’une famille alsacienne de petits industriels. Ils avaient une usine de teinturerie. La famille a quitté sa première usine en 1870 de Sainte Marie aux Mines pour rester français. Ils s’installent à St Dié. La tante de Marie, Léa, institutrice a une maison à St Dié également. Les jardins sont contigus. Les jeunes gens se remarquent et henri se met à fréquenter la maison où Marie vient en visite chez sa tante.

 

Il a fait la guerre, a été gazé à Verdun, mais s’en est sorti sans trop de mal. Bon vivant, prudent, tout sauf héroïque, conscient de la connerie qu’est cette guerre monstrueuse, il a attendu que ça passe, en essayant de rester vivant. Tuer des gens, qu’ils soient allemands ou pas, ce n’était pas son truc. Il savait qu’en face, ce n’étaient que des pauvres bougres comme lui. Il a refusé les médailles que l’on distribuait comme des bonbons dans un casque, le soir des grands attaques pour motiver les troupes, et les « promotions » au grade supérieur qui l’aurait mis en première ligne. Et donc premier à être tué. C’était cher payé pour la gloriole d’une barette.

Il racontait une anecdote qui le dépeint assez bien : Un jour, envoyé en reconnaissance dans le boyau d’une tranchée, il se retrouve nez à nez avec un allemand lui aussi parti en reconnaissance de son côté. Ils se regardent quelques secondes, et tous les deux, d’un seul élan, tournent les talons et prennent leurs jambes à leur cou pour regagner leurs lignes. Je ne sais pas ce qu’il a raconté à son sergent, il ne l’a pas précisé. Mais en tout cas, aucun des deux n’a eu l’idée de tuer l’autre. Ce qui fait qu’il y a peut être aujourd’hui des descendants de ce soldat en Allemagne, comme je suis, moi, en France en train de raconter cette histoire. Deux morts inutiles en moins.

 

Henri est né en 1896. Il avait 18 ans en 1914. Petit dernier d’une famille nombreuse, il a été choyé par sa grande sœur, Jeanne, et a un côté d’enfant gâté.

 

Humeur du jour

Oui, notre monde est en roue libre…
Le monde de « la vie liquide » de Zigmunt Baumann, sans repère, sans sens et en perpétuel mouvement dans une perpétuelle accélération… avec un narratif déconnecté utilisant un langage inversé. Le signifiant et le signifié (révisez vos psychanalystes) est délié, voire inversé.
C’est ce monde fantasmé, fictif, ce qu’ils veulent nous faire prendre pour le réel.
Ils sont dans le fantasme.
Ce sont de grand malades.
Il ne faut pas les croire.
Or, le réel, c’est ce que nous faisons ensemble, avec nos divers talents, les trucs concrets que l’on peut toucher, le solide. Le réel, c’est les limites et la résistance du concret, du monde. Le réel, c’est la terre qui salit les bottes, c’est la pluie qui mouille les moumoutes, c’est le béton qui s’écroule parce que le sable était salé, c’est la souffrance des gens qu’on empêche de travailler et de vivre.
 Le réel, ce sont les gens qui ont formé les gilets jaunes et construits de vraies amitiés, solides. Le réel, c’est le pain qui sent bon le matin chez le boulanger et dont la croute dorée craque sous la dent. Le réel, c’est mes copains qui vont m’aider à monter ma bibliothèque, le réel, c’est un truc qu’ils ne connaissent pas, eux, obsédés par leur fric sur un écran, et coincés dans leur langage subverti…
Le réel, c’est aimer, se sourire, donner un coup de main, tendre la main et partager ce que l’on a. Pour ces gestes, on n’a pas besoin de gaz, de pétrole, de supermarchés et de croissance.
Alors, si, un peu.
Mais on peut s’organiser pour être malins et se contenter du peu qu’ils nous laissent et vivre bien. J’imagine délaisser la télé et aller faire des soirées festives chez celui qui peut se chauffer un peu mieux (comme pendant des siècles)pour partager la chaleur du poêle, du chauffage central, et de l’humanité. On y perd ? Partager une voiture (ou un vélo avec une carriole) pour aller faire les courses et profiter des promos en se partageant les lots de 10 boites de sardines. Investir en campagne pour un mulet-carriole communal à la disposition de chacun. Arroser les plantes de la voisine qui gardera votre chat (ou pas). S’entraider gratuitement, pour le plaisir. Raconter des histoires drôles et faire sourire les petits à la sortie de l’école, même si c’est des histoires de Toto. Faire le zouave et faire rigoler Mémé que l’on a sortie de son EHPAD pour la journée, même si elle bave un peu… Écouter ses souvenirs et lui prendre la main. Tenter des recettes bizarres avec des plantes sauvages (gaffe quand même aux plantes toxiques). C’est plein de trucs vivants qu’ils ne connaissent pas. Le réel les emmerde.
Relever le gant !
C’est une occasion unique de faire des trucs, d’inventer et de se sentir vivant et libre parce qu’on fait ce qu’on a décidé de faire.
Je suis profondément optimiste, parce que, dans l’histoire de l’humanité, même lorsqu’ils étaient dans la pire merde, !es hommes ont toujours réussi à s’en sortir grâce à leur solidarité, leur cœur et leur intelligence.
Eux, ils n’ont aucune des trois.
Ils se combattent entre eux (la vieille droite patrimoniale contre les jeunes cons numériques, les financiers contre les entreprises, Papi Scwab contre tout le monde, tout en les manipulant à tour de rôle…) même s’ils font des alliances de circonstances, prêts à se tirer dans le dos, se trahir dès que leurs intérêts divergent.
Donc, la solidarité, ils  ne connaissent pas. Ils ne connaissent que la caste qui ne tient que parce qu’elle est en guerre contre les pauvres, une alliance de combat bien fragile.
Le cœur, et l’intelligence on n’en parle même pas. Ils n’en ont pas. C’est le règne des médiocres et des crétins, des monstres froids sans âme, qui ne savent que manipuler. Ils sont dans le mensonge, le fantasme, le narratif d’ingénierie sociale qui subvertit le langage et détruit, si on l’écoute, si on y croit.
Leur faille, c’est ce « si ».
Ils sont fragiles face à la vérité, au réel, au raisonnement et à l’amitié. (et à l’Art).
Donc, il n’y a aucune raison d’avoir peur.
Ils font juste semblant d’être tout-puissants. Mais l’essentiel leur échappe si on refuse d’avoir peur.
La peur inhibe ou fait faire des connerie. Elle bloque le raisonnement.
Il y a des raisons d’être en colère.
La colère est une force de vie qui nous permet de voir là où nous devons mettre des limites. Et si on ne pose pas les limites nécessaires pour récupérer notre capacité de vivre libre (en croyant que c’est impossible), on retourne cette colère contre nous-mêmes. On se sent impuissants et on tombe dans le deuil de soi-même: la dépression.
Et il y a des raisons d’être triste.
On se retrouve tout seul car incapable de se relier.
« A quoi bon lutter? Ils sont tout-puissants… » « A quoi bon se relier ? L’autre est dangereux, inculte, soumis, complotiste, macroniste, stupide, trop loin, irréel, caché derrière un pseudo, terrorisé, terrorisant … (rayer les mentions inutiles selon les cas) ».
En validant leur puissance et notre impuissance, on perd le sens de notre vie, nos repères, nos liens et notre place dans le monde. A quoi bon?
Ils nous tiennent par la peur, la colère et la dépression.
On ne réfléchit plus, on culpabilise de colère, on n’ose plus rien faire… On s’autodétruit.
On subit
Et on meurt. Burn out.
Bon, maintenant, on fait quoi?
Tu fais ta maligne, Agnès, mais le constat, on l’a déjà fait. Et alors ?
On fait comme on a toujours fait quand on était dans la merde. Au mésolithique (plus rien à bouffer) lors des invasions barbares (plus de cité, plus de repères), de la grande peste (tout le monde crève), des guerres diverses et variées… On invente un autre monde. On crée. On se bouge le cul, ensemble.
Leur faille, c’est ce « si ».
Ils sont fragiles face à la vérité, au réel, au raisonnement et à l’amitié. (et à l’Art).
Donc, on respecte le réel, nos limites et les autres.
On réfléchit à des trucs utilisant ce que l’on a pour créer une vie « bonne » (j’entends par vie bonne: manger, boire et respirer, être en bonne santé, travailler en se sentant reconnu et utile, se reposer en sécurité dans un chez soi, rigoler avec les autres, prendre le temps d’être avec sa famille, ses amis, rencontrer les autres et s’enrichir de ce qu’ils sont, voyager, se sentir libre de faire et d’aller où on veut, apprendre, réaliser de belles choses, danser, partager et se dire merci…. c’est à dire, au niveau matériel: avoir un logement, de quoi se nourrir, se vêtir, et de quoi avoir des loisirs). Il y a des trucs qu’on peut faire tout seul (c’est notre responsabilité) comme avoir un travail qui nous rend heureux et nous rémunère, ou cultiver son jardin si on en a un, et d’autres qu’on doit faire ensemble parce que tout seul, on n’y arriverait pas.
On met la joie et le plaisir au centre de notre vie. On utilise l’humour et l’autodérision pour rester libres et dignes.
On dit NON quand il le faut (mais gentiment, sans se mettre en danger)
On écoute notre cœur et moins notre tête qui se laisse si facilement manipuler.
Et on les envoie gentiment se faire foutre…
De toute façon, je ne donne pas cher de leur monde numérique et de richous. Ils ont oublié que les ressources sont limitées (même pour eux) car ils ne sont pas des super héros de bande dessinée.
Ils ont 8 ans.
Vous auriez confiance, vous, dans des enfants perturbés de 8 ans pour gouverner le monde, vous ?
Moi non.
Ils croient nous détruire, ils sont en train de se détruire eux-mêmes.
Ce qui est triste, c’est qu’ils réussiront à détruire ceux qui les croient et leur font confiance.
Bisous

Hors de ma vue, Hommes mariés (mauvais plan)

Je ne comprends vraiment pas l’appétence de certaines femmes pour les hommes mariés.

Le goût du Challenge ? De se poser des défis (et plus c’est voué à l’échec, plus c’est passionnant, et valorisant d’essayer de gagner)?

La naïveté de croire que, avec elle, il va tout plaquer, tellement elle l’aime (et donc lui aussi, il l’aime tellement fort!) Ils s’aiment ! Et puis, »‘il est tellement malheureux avec sa femme qui ne le comprends pas, le pauvre, elle ne sait pas l’aimer, alors que moi, si »)

L’impression d’être exceptionnelle, différente et donc tellement plus intéressante que l’épouse légitime (et voir ci-dessus). Il se sacrifie, le pauvre chou, pour sa famille… alors qu’il s’y ennuie tellement…

Le goût du risque ? l’Adrénaline du fruit défendu ?

Ou une bonne grosse névrose qui vous met dans une situation impossible, carpette lamentable à la disposition de Monsieur, 24/24, 7/7, comme les stations services, et endossant, cerise sur le gâteau, le costume de la salope briseuse de ménage et de famille (avec les petits minois des enfants pleins de larmes et le chien qui hurle son désespoir) aux yeux du monde (et de l’épouse qui ne va pas se gêner pour vous insulter)?

Je me pose la question…

Qu’importe que le couple en question va mal, qu’ils ne communiquent plus, ne baisent plus depuis longtemps et que « sa femme le rend très malheureux »… C’est leur histoire et ils doivent le régler entre eux, sincèrement, avant d’aller voir ailleurs. Regarder en face leur couple et en tirer les conclusions qu’ils décident, cela les regarde, et pas vous ! Une tierce personne ne fait que brouiller la donne…

Qu’importe si le monsieur vous fait pitié (50% exagération, 50% pipeau) et qu’il vous fait vous sentir merveilleuse et héroïne d’une histoire romantique lorsqu’il vous dit à quel point il est « bien auprès de vous », que vous « lui redonnez goût à la vie », flattant bassement votre narcissisme blessé par des aventures ratées et moins héroïques… « Que ferais-je sans toi … »

Qu’importe si c’est un Dieu au lit, et qu’il n’y a « que vous qui lui fait cet effet là ». Et que les jours où il vient, vous vous réveillez le lendemain matin, épuisée et comblée par une nuit blanche d’exception… (qui justement ne restera qu’exceptionnelle dans votre vie… Pauvre bichon, il est tellement pris par son travail et sa famille…). C’est plus facile d’être au top une fois par semaine (mois) qu’au quotidien…

Qu’importe s’il vous fait le coup du « coup de foudre » mutuel auquel on ne peut résister, genre Roméo et Juliette… Rien ne dit que c’est vrai (le monsieur peut être un habitué des coups de foudre, et découvrir périodiquement la « femme de sa vie », j’ai connu), et généralement, le « coup de foudre » veut surtout dire coup d’envie d’une position horizontale le plus vite possible, en clair désir d’un « bon coup » (pas forcément de foudre)… Bon, oui, c’est vrai, cela peut exister. C’est rare, mais bon… Dans ce cas, attendez qu’il ait réglé TOUT SEUL son problème avec sa femme, avant de céder. S’il est sincère, il saura attendre. Sinon, il oubliera très vite son soi-disant « coup de foudre ».

C’est un mauvais plan

Un très mauvais plan

Pour le Monsieur, je ne sais pas.

Pour vous, certainement.

Je passe, bien évidemment, sur le fait qu’en premier lieu, faire à une femme ce que vous n’apprécieriez absolument pas qu’on vous fasse, va vous mettre dans une situation inconfortable et désagréable. D’autant plus que, si le Monsieur finit pas quitter sa femme pour vous, vous allez être dans l’angoisse perpétuelle qu’une autre femme, plus jeune, plus mince, plus jolie, plus riche, plus intelligente (rayez les mentions inutiles) vous fasse le même plan « maîtresse ». Il y a quand même des question à ce poser sur la moralité et les tendances à la tromperie du Monsieur lui même… A la base, c’est un mauvais plan.

Mais quel vécu minable et frustrant qu’une vie de « maîtresse » !

On y gagne quoi ?

Attendre les rares moments où Monsieur est disponible et ronger son frein en imaginant les week-ends, les vacances en famille, les petits déjeuners Ricoré, les anniversaires, les cadeaux, les voyages avec la légitime, alors qu’on est bêtement coincé dans son petit studio à regarder des séries en mangeant des chips et en commandant un Uber Eat pour 1?

On a envie d’un week end romantique en Normandie (un voyage aux Seychelles pour les plus richous) ? Monsieur peut pas « Tu comprends, ma femme… » On a envie d’un Noël ensemble ou un Premier de l’an festif avec lui ? Monsieur peut pas et on se retrouve seule au pire (la dinde toute seule ou les cotillons solo, c’est bouratif), avec des amis en couple qui vous ont pris en pitié au mieux (et qui vous fourgue Paul-de-la-compta-avec-ses-pellicules, lui aussi célibataire, qui vous regarde comme un chien son nonos toute la soirée… Non Paul, tu es gentil mais je rentre seule chez moi… Et on chiale sur son lit vide quand l’autre, le Monsieur, vous envoie un texto de bonne année avec des smiley, un « je m’embête sans toi » et qu’on découvre sur Instagram qu’il fait la fête comme jamais avec ses amis et sa femme)

Passer toujours, mais alors toujours, en 2eme, voire 3eme ou 4eme dans la vie du Monsieur? Après sa femme, sa famille, ses enfants, son boulot, et même éventuellement d’autres « maîtresses » occasionnelles.

Être humiliée en permanence parce qu’au bout d’un certain temps de relation suivie, on a vraiment l’impression de n’être pas assez bien pour que le Monsieur nous « officialise ». Ne jamais connaître ses amis, ses parents, sa famille, et même la tata un peu folle qui pique quand on l’embrasse à cause d’une magnifique moustache que les élégants de la Belle époque pourrait lui envier… Oui, même la tante, on aurait envie de la rencontrer…?

Ne jamais connaître la douceur du quotidien, la tendresse des jours qui passent, le bien être de pouvoir ne pas être au top, de ne plus avoir à séduire en permanence, de pouvoir avoir le nez qui coule et d’avoir quelqu’un qui va vous chercher les médicaments, la joie d’un petit déjeuner au lit le week-end comme un rituel d’amour, la sécurité de pouvoir se lover chaque soir contre le corps de l’homme qu’on aime…? Et même quelqu’un à qui raconter ses Etats d’âme de temps en temps et pour qui on compte, qui est là quand on rentre chez soi. Et qui vous fête votre anniversaire surprise avec tous vos amis et les siens…

Perdre la chance de rencontrer un homme libre qui serait heureux de vous faire rentrer dans sa vie, lui ?

Et tout ça pour quoi ? Quelques parties de papattes en l’air quand monsieur en a envie (mais pas quand nous on en a envie), un ou deux week-ends dans l’année si il arrive à bien mentir à sa femme (« c’est un séminaire, chérie, le patron exige que j’y suis »), et parfois, justement des week-ends de séminaires dans des novotels pourris, et quelques restaurants où il paye en liquide, ce qui fait chelou vis à vis du personnel qui se dit: « tiens, un couple illégitime… »

Beurk.

Pas pour moi.

Les hommes mariés qui me plaisent resteront à leur place de fantasme, et pas question que je m’en approche.

Les divorcés et les veufs, ça se discute. Parfois, certains sont mariés dans leur tête avec leur ex ou avec son fantôme, alors, il faudra qu’ils prouvent qu’ils sont disponible pour une autre histoire. Pour pouvoir s’engager. Construire ensemble, et accepter l’autre tel qu’il est, avec le pack complet. Pas juste une portion…

L’Amour, c’est être pleinement disponible pour l’autre, sans restriction. Dans les deux sens. On demande souvent aux femmes de l’être (et la maîtresse doit obéir au doigt et à l’œil, « Ma chérie, je me suis libérée ce soir, on baise ? » (bon je vais vite parce qu’en général il y a un peu plus les formes… )… Et toute notre sortie-copines-ciné-soirée chez Romain qui est si rigolo, s’effondre… » « Bien sûr, chéri, je décommande… » ), beaucoup plus rarement aux hommes. Comme si la liberté, c’est un truc de mecs…

Bref, ces mecs non disponibles, c’est beaucoup de souffrance et je n’en ai plus envie.

NB: En fait, je n’en ai jamais eu envie. Je trouve cela humiliant et détestable. Mais je me suis faite avoir, et donc j’ai un certain vécu en la matière.

Les hommes mariés avec qui j’ai eu des relations éphémères m’ont tous menti. Je les croyais libres, et c’est quand j’ai découvert la vérité, quand j’ai réalisé qu’il avaient une femme avec qui ils vivaient, que j’ai dit stop… Je n’ai jamais accepté cela.

Alors bien sûr, il y a eu ceux qui ont continué à me mentir et à prétendre que tout était fini, qu’ils étaient sur le départ, que c’était juste le temps de se monter sympa en la ménageant « je ne vais quand même pas la mettre à la rue »… Pipeau. J’y croyais. Je les croyais libres, ce n’était qu’une question de temps et je les découvrais, main dans la main en train de rigoler ensemble, 6 mois plus tard… Ou encore, qu’il l’avait quitté, qu’il ne voyait plus personne, pour découvrir par hasard qu’ils vivaient ensemble depuis 10 ans et avaient un fils ensemble… Pipeau Mytho…

J’ai été incroyablement naïve. Et je me suis fait bien mal.

Alors, si je ne rencontre que des hommes non disponibles, ils peuvent passer leur chemin, autant rester célibataire, heureuse et libre…

Non ?

Bisous

 

 


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