Archives pour juin 2021

Si on l’accepte…

Après avoir écrit mon billet du jour, j’ai été prendre ma douche…

Et là, sous le ruissèlement des gouttes d’eau chaude, j’ai réalisé que ce dont j’avais parlé ne dirait absolument rien à la majorité des gens de nos pays dits civilisés et « avancés ».

Il y a un tel engouement absolu pour la puissance technique dans nos pays riches que ce dont je parle paraître absurde, ridicule et taré à la plupart des gens. Comment, se passer de confort ? aller dans un pays où il n’y a personne? ne pas avoir de réseau ? ni même de douche ?

Mais c’est simplement d’un ennui mortel !

Ne pas pouvoir être informé, de pas avoir de moyen de communication, de distraction, de production, ne rien avoir de ce qui fait notre manière de vivre, de ce qui fait que nous nous croyons supérieurs, riches, intelligents, cultivés, prestigieux aux yeux des autres et raffinés à nos propres yeux, et en plus trouver ça bien, c’est soit être malade mental, soit complètement idéaliste, à côté de ses pompes et « on sait bien comment cela se passe, très vite, on revient à la civilisation la queue  basse, parce que c’est utopique et impossible.

Voire…

Revenir à la base, à l’être brut, sans ses colifichets productifs et manipulatoires, pour un temps (il n’est pas question de passer toute notre vie à Kerguelen), c’est peut être ce dont nous avons besoin.

Car, moi je veux bien, mais franchement, ceux qui vivent dans mon « beau monde développé », dans de grandes métropoles modernes, travaillant à 1h30 de chez eux, habitant des appartements minuscules, sans un arbre si ce n’est un truc chétif qui tente de ne pas mourir sur un trottoir, dans le bruit incessant des moteurs, des algarades et des machines, pour faire au bureau des trucs inutiles et chronophages sous l’œil stressé d’un chef de projet sous pression de son manager, être en permanence dérangé par le téléphone devenu un big brother version le meilleur des mondes, pour des trucs aussi passionnant que le prochain briefing (on ne dit plus réunion) ou reporting (idem) ou pres. (présentation sur power point: 2 mots par slide, bonjour la pensée complexe…) ou un méme de chat (pour les non initiés, et je sais qu’il y en a parmi vous, un même de chat, je ne suis pas sûre de l’orthographe, c’est une petite vidéo d’un chat en train de faire un truc rigolo… inoffensif mais parfaitement crétin et multiplié par des millions de partages dévastateurs pour la planète), pour ensuite s’effondrer, après 1h30 de RER ou de voiture pour rentrer chez soi, dans un canapé IKEA devant un écran Netflix ou conjoint tout aussi épuisé, sont heureux ?

Oui, plus fort que Proust…

Mais qui connait Proust aujourd’hui ?

Non, ce n’est pas un Youtubeur qui fait des bruits incongrus…

Bref…

Parce que je suis bien obligée de constater que les gens, dans ces grandes villes modernes, ne respirent pas la joie et la bonne humeur ! Les vendeurs de médocs psychotropes font leur beurre !

Un conseil: achetez des actions pharmaceutiques (autre conseil, vendez dans 6 mois max, et envoyez moi 10 %, c’est ma com.)

Donc, la modernité ne fait pas le bonheur.

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit: la modernité peut faire le bonheur de quelques uns. (Pas beaucoup, certes, environ 1 %). Ils ont l’air contents.

Après, est ce que c’est vrai, je ne sais pas…

Quand on en arrive à acheter une sculpture invisible, c’est à dire qui n’existe pas, juste délimitée par 4 scotchs à terre, on peut se demander… Au moins Picsou se baignait dans sa piscine de sous, et semblait content de le faire. là, ils achète du Rien… Euh…

(https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/06/11/en-italie-une-sculpture-invisible-vendue-aux-encheres-pres-de-15-000-euros_6083767_4500055.html)

Faut il qu’ils en soient arrivés aux limites de l’absurdie.

Alors, à côté, mon panégyrique des 25 jours de marche aux Iles Kerguelen, c’est de la petite bière… une promenade conceptuelle de santé.

A mon sens, il y a vraiment quelque chose à en tirer de cette expérience dans l’essentiel de la vie, là où elle est sur le fil, dans cette terre inhospitalière où l’être humain est forcé de revenir à lui même car il ne peut s’échapper du réel, grâce aux paradis artificiels et numériques.

Il y a quelque chose à tirer de cette histoire toute simple d’un homme qui renonce à ce que l’on nous présente comme indispensable, pour marcher comme un forcené dans les landes brumeuses et froides de ces îles sauvages: qu’il y a peut être une voie simple vers le bonheur, une voie qu’on dévalorise comme utopique et idiote, impossible et folle, une voie au delà de laquelle la modernité consommatrice, productiviste et totalitaire nous entraîne, une voie brute mais efficace. Peut être la seule voie possible.

Bien sûr chacun pourra adapter cette voie vers l’essentiel et vers soi même à sa façon. Il n’est pas nécessaire d’aller si loin ou de s’imposer tant d’efforts physiques. On peut faire la même chose de sa chambre.

Il s’agit juste de choisir, et parfois de renoncer. Pour être en cohérence avec ce qui donne du sens à notre vie, et nous maintient dans le désir de vivre. Non pas « faire » ou « avoir », mais « Etre ». Etre soi et avec les autres qui « sont ».

Cette île « qui m’a vu mouillé, transi, barbu, sale, amaigri, malodorant, tanné, épuisé, et pourtant constamment heureux; Cette ïle, c’est la métaphore de ce lieu, cet espace en nous que nous devons retrouver pour être heureux.

Ce lieu du rien, du vide, qui existe en nous et non dans la géographie…

Bisous

A vos clavier, je suis bien persuadée que chacun a sa propre manière de voir les choses.

Dites moi. Cela m’interesse…

Re Bisous

Partir ailleurs…

En cette période de limitation de nos déplacements et de peur des autres (possiblement contaminants… ou pas…) nous nous laissons aller à des rêves de voyages et de départs.

Un éditeur malin a réédité « Marcher à Kerguelen » de François Garde, dans l’idée, sans doute que cet ailleurs du bout du monde, cet incommensurable ailleurs, allait tenter les français assignés à résidence.

Marcher à Kerguelen… là où il n’y a rien, personne. Des cailloux, de la neige, des glaciers, des rivières, des tourbières et un ciel immense, vide. La mer aussi. L’océan indien, plein de vie, lui, mais périphérique, comme un ruban de vie qui entoure une terre vide, mais non pas morte.

Je n’ai aucune envie d’aller faire moi même cet exploit sportif, traverser du nord au sud cette île désolée. Mais  je comprends la démarche. Aller vers le rien, l’ascèse, se dépouiller de nos oripeaux pour s’alléger et redonner de l’importance à l’essentiel. Nous. Notre petite personne, notre corps, notre esprit, notre intelligence, nos émotions, mais à la base, quand même, notre corps dans sa fragilité et sa force qui est notre seul garant de la survie. Notre seule raison de respirer.

Notre corps qu’il faut alors nourrir, soigner, écouter, protéger, et non pas travestir, donner à voir, trahir dans un jeu social qui nous rend dépendant de tant de choses… Notre corps qui est notre meilleur serviteur et qui nous permet la vie par son incarnation. Qui nous permet d’agir, de percevoir, de comprendre, d’aimer, de réaliser l’invisible dans la réalité du monde. Notre corps que nous négligeons pour nous en servir comme d’un mannequin esclave pour lui faire jouer nos peurs et nos délires, pour en faire un instrument de pouvoir et d’irrespect, surface vaine d’un être vide.

Ici, l’autre est un autre-même, un être humain dans sa familiarité et sa différence d’avec moi, un être avec qui tisser des liens, avec qui éprouver des émotions et se sentir vivant. Ce n’est pas un faire valoir, un alibi, un spectateur de notre mise en scène derrière laquelle notre être se cache.

L’autre, dans ces terres désolées, est précieux et vrai. parce que nous sommes nous mêmes précieux et vrai. Dans ces îles traversées de vent et de neige, il n’y a personne. Ce qui redonne sa vrai valeur au compagnon de marche.

Ils étaient 4. Et pendant 25 jours ils ont alterné la vraie vie de l’être humain: à la fois être seul, et avec l’autre, dans un tango qui ne s’arrête pas pour rester vivant. Parce que pour être soi, il faut accepter aussi l’autre, et se relier.

Ainsi, notre corps nous remercie en faisant les efforts soutenus nécessaires pour traverser ces terres australes, au sud du sud. Mais surtout, il nous permet de voir, de sentir, de ressentir la beauté du monde, des autres et la beauté d’être en ce monde. Les paysages sont somptueux, les ciels plein d’étoiles, les eaux cascadant partout, miroitant en lacs tranquilles, dégringolant des montagnes ou paressant sur les plages de sable noir, les animaux sereins et indifférents, sans peur, émouvants, l’amitié des marcheurs et leurs efforts pour s’entendre est aussi une nourriture essentielle… C’est un chemin rude et direct vers l’acceptation de notre petitesse, fragilité et en même temps de notre immense richesse d’être capable de profiter de tout ça, et de le savoir…

Là bas, on ne se raconte pas d’histoires. On ne domine pas. On ne peut que tenter l’humilité et le respect.

Mais, il me semble, après avoir lu le livre, que cette humilité et ce respect nous ouvre la voie royale vers le bonheur…

Parce qu’enfin, on se rencontre, soi. Dans notre vérité nue.

Si on l’accepte.


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