Ce matin, j’ai écouté la radio publique France Culture, qui, nonobstant son statut de radio non privée, nous procure encore de bons moment de radio et des émissions intelligentes.
Donc, me voilà, pendant que je faisais cuire mes spaghettis et que je cuisinais ma sauce tomate, à écouter un certain Patrick Viveret remettre un peu les pendules à l’heure.
Le néolibéralisme, issu de l’école d’économie de Chicago (avec le sinistre Milton Friedman), a été mis en place en Occident grâce à Reagan et Thatcher (et Pinochet leur grand précurseur). Il est devenu La référence obligatoire et incontournable par la voie magique de la globalisation et les possibilités d’internet, et la chute de l’URSS comme alternative. Imposé peu ou prou dans le monde entier comme LA seule voie possible, scientifiquement prouvée, de la conduite des sociétés, le libéralisme, donc (néo ou pas néo), a poussé les Etats et les gens à s’endetter lourdement, en particulier dans l’immobilier (pour les gens), faisant ainsi le joie et la fortune de tous les spéculateurs.
L’argent n’a plus aujourd’hui une valeur rapportée à la réalité d’une richesse réelle mais devient un électron libre, immatériel, sans contrepartie matérielle ni raisonnable, un simple vecteur de spéculation. On n’investit plus pour produire, pour améliorer la société, lui rendre un service, mais on investit pour faire de l’argent (ce n’est d’ailleurs plus un investissement), et tant qu’à faire on « investit » avec de l’argent que l’on n’a pas, que l’on emprunte. Sauf que les riches se débrouillent pour ne jamais rembourser réellement, alors que les pauvres, si.
La monnaie n’est plus un moyen (de réguler les échanges et de construire une société) mais une fin en soi (elle se suffit à elle même, dans un narcissisme destructeur). Toutes les valeurs sociales devant donc lui être soumises, l’argent devient la référence unique et totalitaire sur le monde. Si cela rapporte de l’argent, c’est Bien, sinon, c’est Mal, ou à la rigueur inutile, sans valeur.
Une des conséquences de cette manière de penser l’argent est un cercle vicieux qui appauvrit les moins riches, devenus totalement prisonniers des dettes qu’ils ont contractés, et enrichit au delà de toute limites leurs créanciers. On entre dans la dépendance.
- D’une part parce que ces dettes génèrent des intérêts
- D’autre part parce que ces dettes déraisonnables obligent ceux qui doivent rembourser à accepter tout et n’importe quoi pour pouvoir rembourser: un travail à n’importe quel prix, une vente à perte, la soumission à des modes d’organisation du travail qui bafoue totalement leur vie privée et leur santé…
- Enfin, parce que, pour s’évader de cette soumission, pour arriver à penser malgré tout cette subversion dangereuse, les gens en arrivent à développer des réflexes de défense (phénomène de gestion de la dissonance cognitive et de le frustration) comme la fuite dans les plaisirs immédiats, la consommation, l’addiction… ou la dépression et le repli sur soi ( passif ou agressif).
Cette réaction de défense favorise le système car cela renforce la dépendance financière en la doublant d’une nouvelle dépendance, aux objets techniques, de consommation, de prestige ou de sécurité (d’ailleurs factice…) ou aux médicaments, drogues, alcool, cigarettes, sexe… Addicts, les « gens » soumis volontaires, vont porter leurs désirs sur ce qui est à acheter et font ainsi tourner le système.
Pour cela ceux qui sont aux commandes pervertissent les mots pour leurs donner un sens marketing et rentable sous leur façade de valeur neutre.
On voit bien l’usage qui est fait par les publicitaires des mots qui nous attirent comme Liberté, Sens de la vie, Amour, Tendresse, Fraternité, Créativité…
La Liberté n’est là que pour vendre une voiture…
la Fraternité pour vendre un cola…
L’amour pour vendre un parfum…
Or, ce qui est proposé ne nous donnera jamais accès à ces valeurs. On le sait, mais on n’ose pas l’exprimer tout haut. On fait semblant d’y croire, pour rester en reliance avec les autres qui semblent eux aussi y croire. Etre en lien avec les autres est un besoin grégaire de survie.
J’aimerai que de plus en plus de gens osent l’indépendance.
Posent des actes de vie, des choix conscients vers la Liberté et simplement, laissent ces fausses offres alléchantes là où elles sont.
On peut encore refuser d’acheter la voiture, le cola ou le parfum. Et découvrir d’autres manières de bien vivre.
C’est un peu mon propos en ce moment.
Devenir libre, indépendante, renoncer en conscience à l’inutile, m’alléger et me sécuriser.
M’organiser autour de mes vrais besoins et non autour des diktats sociaux. Ai-je tant besoin que ça d’une nouvelle voiture? du dernier gadget technologique, des nano techniques, du dernier i-phone, de remplir mon placard de vêtements que je ne porte pas (il y en a trop, mais c’était des promos, 3 pour le prix de 2), de barquettes toutes faites pas bonnes, de crèmes hydra-lissantes aux molécules rajeunissantes, de pilules…?
Je préfère connaître celui qui fait pousser mes carottes ou mes cerises, voir mon steak batifoler dans une prairie, utiliser de l’énergie propre (quitte à me limiter un peu devant mon écran et aller me balader), mettre une crème toute simple sur ma peau et accepter quelques rides, boire un bon vin bio, cueillir un bouquet de fleur et faire mon métier avec passion pour un prix correct. Je préfère rire à un antidépresseur et lire un livre la nuit plutôt que de prendre un somnifère. Je préfère partager mon pain avec un autre et avoir des amis que d’avoir 3 miches de pain qui sèchent à la maison… Et parfois, je me demande si je ne devrais pas aussi préférer écrire une belle lettre plutôt d’envoyer un bête SMS…
Parce que la crise à venir va de toute façon bientôt nous priver de nos joujoux addictifs.
On danse au dessus du volcan en croyant à une société de croissance, du toujours plus.
Je préfère aller danser ailleurs…
En tout cas mes spaghettis étaient très bons… Pour une fois…
Je m’améliore…
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