Voilà la saison des études sur les habitudes sexuelles des français et revoilà la joyeuse bande des experts (les vrais, les autoproclamés, les traditionnels, les sérieux, les rigolos…) qui passent à la radio. Et sans doute à la télé, je ne sais pas, je n’ai pas de télé (au grand désespoir de mes enfants… passons).
Donc, voili voilou nos personnes qui savent disserter avec constance sur l’entrejambe de tout un chacun.
Bon, pourquoi pas, c’est un sujet d’importance.
Cela ne me choque pas.
Par contre, ce qui me choque c’est le discours politiquement correct qui s’étale à longueur de temps. Sous le prétexte de faire moderne et décoincé, et surtout de rompre avec la soumission sexuelle féminine de grand maman, on dit vraiment n’importe quoi. Surtout les femmes… sous le regard narquois et intéressé des hommes.
Libérées. Nous sommes désormais libérées et nous envoyons au panier engagement et sentiments comme des défroques usées et SM qui sont passées de mode. Désormais, pour s’affirmer sexuellement compétente, il faut faire comme les hommes… Affirmer nos « besoins » sexuels et imiter les comportements les moins reluisants de ces messieurs lorsqu’ils consomment de la gonzesse (femme, maîtresses, petit coup par ci, par là…), consommer du mâle comme du capraccio mozzarelle-tomate (c’est bon, mais cela ne remplit pas), c’est le must ?
Il faut lutter, nous dit on contre les stéréotypes erronés qui veulent que la femme est une indécrottable romantique qui rêve d’amour, de fidélité et de mariage (la nunuche de base abonnée à la collection arlequins et quasi frigide) et l’homme un être de besoins (qui nique quand il peut tout ce qui bouge) qui privilégie le simple plaisir sexuel au détriment de l’affect.
Il y a un stéréotype, en effet, c’est de croire que ces deux aspects sont liés aux genres et strictement séparés. Qu’un homme ne tombe pas amoureux, n’est pas capable de fidélité, et qu’une femme n’a pas de besoins, ni vraiment de plaisir sexuel dans l’acte lui même… Qu’en gros, un homme, c’est un zizi, et une femme, un imaginaire.
Bon, c’est vrai qu’il y en a. Et la société patriarcale a bien enfoncé (si je puis le dire ainsi…) le clou pour que ce soit ainsi. La femme, sentimentale mais peu portée aux ébats, est fidèle. L’homme, pas sentimental, et poussé par ses instincts, ne peut pas l’être. Donc en gros, si monsieur trompe madame, ce n’est pas grave (« ce n’est que du sexe ma chérie, je ne l’aime pas…tu sais bien… C’est simplement de l’hygiène parce que tu as tout le temps mal à la tête… »). Par contre, si madame trompe monsieur, c’est grave, car cela veut dire qu’elle va partir avec le monsieur (puisqu’elle est forcément amoureuse) et va bouleverser l’ordre social.
Et ça, ça existe. Les représentations sociales issues du passé sont bien là, encore, actives dans la tête des gens…
Comme beaucoup de choses dans l’organisation d’une société machiste, cela me fait penser à une logique de babouins.
Bon. Il faut que ça change. Cela ne permet à personne de s’épanouir, même si c’est assez sympa pour certains hommes qui s’en donnent à coeur joie pour tromper leurs compagnes…
Mais la solution à ce fossé entre les hommes et les femmes, que l’on constate, est-ce d’adopter pour tout le monde la logique des hommes (celle des babouins… pour ceux qui ne suivent pas…)? D’affirmer haut et fort nos besoins sexuels et nos revendications aux plaisir sans plus s’encombrer de ce sentimentalisme de godiche ??? Certains hommes (les mêmes que ci-hauts, les machos-babouins) en seraient ravis. Plus de limitations, plus de culpabilité, tout le monde baise tout le monde dans la joie et la bonne humeur… Ils sont légitimés dans leurs bas instincts primaires (puisqu’on fait pareil) et la société devient un vaste chantier où chacun n’est plus que l’objet de jouissance pour l’autre et n’est plus respecté en tant que sujet humain.
Car si tous les animaux savent très bien niquer, seuls les humains savent faire l’amour…
Faire l’amour, c’est allier le plaisir sexuel avec la satisfaction d’un échange entre deux sujets, d’un partage de sentiments et de tendresse, de respect et d’engagements (pas forcément éternel mais au moins dans le temps où l’amour dure), d’une confiance que l’autre est là pour soi, donnant et recevant du plaisir, non pas parce qu’il est équipé des bons instruments (les organes sexuels), mais parce qu’il est une personne unique, particulière, à nulle autre pareille.
Et moi, si je souhaite une évolution dans les pratiques sexuelles des français (et des autres aussi tant qu’on y est), c’est plutôt que les hommes redécouvrent le chemin de la tendresse, de la fidélité et du plaisir d’aimer.
Le sexe, c’est un besoin, un plaisir magnifié par l’amour. Et cela pour les femmes comme les hommes.
Cela ferait du bien à tout le monde…
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