wouaouhhh cela déménage de faire une visite de son soi dedans !!!!
En rentrant, j’ai profité de la balade au bord de Loire par un magnifique soleil printanier… Un peu perturbé par quelques jérémiades à l’eau de rose bien dégoulinantes à la radio entrecoupées de publicités stupides qui me font invariablement penser que je dois avoir un QI au dessus (ou très nettement au dessous, c’est possible aussi) de la moyenne pour y être si hermétique…Mais qu’importe, les mots de ma thérapeute raisonnaient encore dans ma tête et me donnaient à penser… Revenir à la réalité ce que je suis, lâcher prise, reprendre les rênes de ma vie, comparer les potentialités des autres en regard avec les actes qu’ils posent. Retrouver ma féminité…
La nature semblait m’encourager et me demander de me laisser faire… Fleurir, peut être, avant de devenir blette, en prenant soin de moi au lieu de prendre soin des autres…
Passer dans une librairie, rien que pour moi… Flâner dans les rayons… Et hop, un livre sur la cuisine cocooning pour caresser mon corps de l’intérieur, me balader librement au gré de mes envies et hop, un disque jazzy pour mes oreilles, un sourire à une dame que je ne connais pas mais qui passe par là et me rends mon sourire (un peu étonnée quand même… c’est qu’à Nantes, on n’est pas aussi convivial si l’on n’a pas été présenté dans les règles, ni présenté son pedigree) et hop, un bouquin sympa pour faire plaisir à mon esprit…
Et puis j’ai retrouvé sur le bureau de mon ordinateur un document que j’avais écrit, il y a quelques jours, pour m’aider à y voir un peu plus clair dans ma vie, en ce moment passablement compliquée. Sa lecture m’a consternée… Je ne me savais pas si soumise, pieds et poings liés à autrui !!!!
En gros, cela disait: « si Machin veut cela, je vais faire cela, s’il préfère ceci, et bien je m’adapte et je fais ceci, s’il refuse, je fuis (je me sentirais détruite)… »
Je mettais toute ma vie en dépendance de la bonne ou mauvaise volonté du quidam en question et ma seule marge de manoeuvre était de « faire avec »… Mes propres besoins et envies, basta ! Enfin, si, un seul de mes besoin était écouté, tyranniquement même, celui d’être acceptée dans l’environnement immédiat du sieur et de pouvoir devenir petite souris douce, disponible… Qu’il me donne le droit à l’existence, si minime fut- il, ce droit… et je sacrifie tout le reste… moi-même, mes études et mes espoirs d’épanouissement professionnel!
Et le pire, c’est que je me rends compte que j’ai bâti toute ma vie comme cela, avec tous ceux qui ont croisé ma route… Sale habitude de me nier moi même et de me mettre servilement au service des autres pour mendier, en échange, quelques bribes d’attention et de reconnaissance. Même pas d’amour…
Comme je suis intimement persuadée de n’avoir aucune valeur ni de n’avoir droit à aucune place, j’ai toujours l’impression d’encombrer tout le monde et de n’être acceptée que par charité. Du coup, ce sont les autres qui ont la maîtrise de ma vie, c’est en fonction de leur demandes et de leurs décisions que j’organise ma vie… Ce que je décide n’est pas ce qui est le mieux pour moi, mais pour eux… Je ne viens qu’après, heureuse si je peux grapiller quelques miettes de douceur une fois qu’ils se sont servis… Que ce soit au travail ou dans ma vie personnelle, je ne m’affirme pas, je subis, je me soumets… et j’en souffre…
Bon.
Dont acte.
Et maintenant, je fais quoi ? Je continue? Poussée par la peur du vide ? Par la peur de me voir telle qu’on m’a vue lorsque j’étais enfant ? Une enfant de trop, gênante, incapable et qu’on ne sait pas aimer ? Je continue à me dévitaliser peu à peu pour rentrer dans le chas d’une aiguille et je laisse les autres décider de ma vie ???
Ben non. Pas envie…Plus envie…
Je ne sais pas trop comment faire, mais je vais essayer de reprendre le contrôle de ma vie (au lieu de celle des autres… car dans ma victimisation il y a aussi un peu de manipulation, il me semble), de me responsabiliser et d’accueillir, de laisser mes peurs imbéciles au vestiaire, de reconstruire une image de moi plus juste, de faire confiance pour me soit offerte la place que je mérite, simplement…sans lutte, dans l’acceptation de l’inédit… Parce que, je mérite peut être une petite place sympa, au fond, pourquoi pas ? Et si par hasard, je décidais de laisser se faire les choses, hein, pour voir ?
Et puis, je vais arrêter de faire tout le boulot relationnel à la place de l’autre. J’ai fait ma partie du chemin. Je ne peux avancer plus sans me renier. J’ai ma vie à construire en fonction de mes propres objectifs que je ne mettrai plus sous le boisseau pour privilégier l’autre. Cela m’angoisse mais il faut que je laisse faire sa part du chemin à l’autre. Que je lui laisse sa part de liberté et de décision personnelle. Qu’il expérimente le désir et le manque et que ce soit lui qui vienne à moi, me prendre, comme une femme…
Parce que je le vaut bien… non ?
Si. (réponse à la dernière question)