1ère semaine.
Vu mes immenses difficultés à tenir la discipline d’écrire mon blog de chez moi, car il y a toujours une lessive à faire, un enfant à aller chercher à l’école, des courses à faire, voire un aspirateur à passer… quand ce n’est pas la gestion délicate et hautement diplomatique d’un conflit à régler entre Louis et sa sœur qui l’accuse de « TOUJOURS venir l’embêter et de ne JAMAIS écouter quand elle lui interdit de venir dans sa chambre et pis, c’est TOUJOURS pareil, tu t’en fous et tu ne le gronde même pas et…. » (je vous épargne la suite… il pourrait même y avoir des gros mots !), j’ai décidé d’essayer de venir me réfugier au LU, après ma thérapie, pour me poser, digérer et écrire… je ne sais pas si je vais tenir la distance, mais on peut toujours essayer.
Note pour les non-nantais: LU (Lieu Unique) est une ancienne usine de biscuits (justement, les p’tits LU (Lefèvre Utile)) désafectée et transformée en centre culturel-bar-resto-hamman au look industriel, branchouille et brut de béton. Il s’y passe pas mal de choses, parfois franchement sans intérêt à part pour quelques intellos qui se prennent pour des artistes intelligents et qui ne sont que navrants, parfois très sympas. C’est un lieu que j’aime bien car on vous y fout la paix et ça ressemble un peu à la capitale, avec un arrière goût de nos gouters d’enfance (vous savez bien les 4 coins qu’on mangeait en premier …)
Ici, j’ai la paix. Enfin, à peu près, si j’oublie les trois espagnoles sur ma droite qui font autant de bruit qu’une fanfare, mais bon ça fait couleur locale genre l’Auberge espagnole.
Les autres clients, nantais cheveux au vent (ébouriffés au large ou dans la lande bretonne je ne sais où, car il n’y a pas de vent dans le café, juste quelques courants d’air et encore) ne font pas de bruit. Bretons branchés version kabig, ils sont très discrets. Les grandes douleurs sont muettes, dit-on, et tous ces artistes non reconnus qui viennent là (y compris moi) doivent beaucoup souffrir. En tout cas, ils ont des airs tendus et complices au dessus de leur bière, en discutant par deux ou trois.
La musique est improbable mais j’aime bien.
Je suis attablée sur une immense table en bois brut peinte en rouge, un capuccino (déca) à ma droite, un club sandwich à ma gauche (j’ai une petite faim et je me dois de nourrir ma créativité.) Le wifi ne marche pas et je dois écrire sur Word avant de le transférer ce soir sur mon blog, mais bon…La déglingue doit faire parti du genre branché…
Je déguste la mousse de mon café avec la délectation d’une chatte (sans allusion grivoise s’il vous plait). Un groupe de « djeunes » entoure le piano, le temps de quelques notes, sans doute un souvenir du conservatoire où maman les traînaient le mercredi…
Je souris…
Deux amoureux plus ou moins légaux se papouillent en face de moi… C’est plutôt mignon. L’air juvénile, je soupçonne que le sieur a du forcer sur le gel capillaire, à voir les épis qui se dressent sur sa tête et elle, plus âgée, bien propre sur elle, l’air respectable, doit avoir des enfants à aller chercher à l’école, après cette récréation. J’ai l’image et même le son, bien qu’ils se soient cachés dans un recoin sombre, un peu à l’écart du café.
Je ne suis pourtant pas tout près mais je suis comme eux un peu en retrait par rapport à la salle. Et donc je suis obligée de les avoir en ligne de mire. Désolée ! Mais j’ai du venir me poser là, non loin d’eux, à cause de la seule prise disponible (sur deux en tout et pour tout)… et non pas pour me protéger des regards indiscrets. Ce que je regrette un peu…
J’aurais aimé que mon amoureux soit là et me fasse doucement de tels baisers ! Mon corps en a tellement envie !
Mais bon, je dois apprendre la patience, m’a dit ma thérapeute… Alors je me contente de la mousse de lait, aérienne et douce, de mon capuccino.
Construire mes racines, retrouver une base solide pour enfin ressentir ma propre sécurité, ne pas obéir à mes peurs et me précipiter… Moi je veux bien… mais cela fait si longtemps que j’essaie sans résultats… Je ne vois pas du tout comment faire…
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