Première balade à NYC. Quartier tranquille dans l’Upper West end. Pas très loin de Central Park… La rue est tranquille. Le ciel est bleu et le trottoir un peu sale…
Rencontre extraterrestre avec un cheese cake à la fraise surmonté d’une gelée tremblotante rouge avec inclusion de fraises sans goût. Enorme. Je suis ravie… Me voici aux States !
NY, ville étrange et multiple où on voit de tout. Vivante et pleine de charme, occupée et nonchalante, maniant le paradoxe avec élégance, sans complexe. Ville phare des maîtres du monde, consciente de sa valeur, intelligente et accueillante et en même temps adepte d’un kitch carton pâte.
Neue Gallery, Guggenheim, Moma, Met, repères de l’Art et de l’émotion. La beauté de Klimt et de Kokochka, la sensualité de Picasso, la douceur de Degas et de Chagall, la lumière de Van Gogh, les couleur de Klee, et Chardin, et les flamands et les autres….Chaque artiste a laissé ici sa meilleure part. Langages multiples et riches de toiles en toiles, d’oeuvres en oeuvres. Traces de vies qui me nourrissent.
Chacun engage un dialogue secret avec qui regarde leur oeuvre. « Voilà, moi, j’ai vécu ça. Je vous le donne.Là, j’ai aimé, là, j’ai souffert, là, je n’ai rien compris… et mon pinceau dit tout cela. » Cela n’a de valeur que parce que j’a existé et que j’ai vécu ma vie d’être humain, comme vous, pas mieux que vous. C’est tout. Mais c’est déjà ça…
Séduisante NY, ville à deux visages. On te sourit. Mais si tu tombes, on te laisse où tu es. Le malheur est banni, hors la loi, il est la marque de l’indignité, de l’illégitimité, on l’expulse du paysage. Le Dieu des Américains protège les siens, les winners… La liberté d’être qui tu es avec l’obligation d’être riche pour exister. Saint dollar……….
Une vieille femme asiatique fait le tri des canettes vides dans les poubelles laissées dans la rue. Accroupie, elle fouille, d’un air digne et serein, dans les sacs noirs qu’elle ouvre et referme doucement. Elle s’est retrouvée là, au bord d’un trottoir passablement crasseux, affairée et calme, à plusieurs endroits de Manhattan et de Brooklin où nous passions… Comme une mystérieuse sorcière bienveillante qui aurait toujours un oeil sur nous…
Elle est âgée. Elle devrait se reposer entourée de sa famille, de ceux qu’elle aime, mais elle est obligée de faire cela pour survivre. Nulle révolte visible en elle, nulle tristesse. Elle accepte sa vie en en prenant le meilleur, et laisse le reste glisser sur son visage tanné et étonnement doux.
Le matin de notre départ, encore, elle passe devant la fenêtre de notre restaurant. Un grand bâton sur l’épaule. A chaque bout, un sac plastic noir gonflé de sa récolte. On dirait qu’elle revient de ses rizières dans le calme tranquille d’un matin d’Asie.
Un homme sur le trottoir, avec sa valise noire contenant toute sa vie. Une pancarte en carton, posée de guingois annonce: « Pas de travail, pas de chance, solitude »… Tout le monde passe sans même le regarder. Quel est ce pays qui accepte cela ? Quel est ce pays dans lequel perdre équivaut à un crime moral ? Le rêve américain n’a pas beaucoup d’humanité…
Une femme(?), noire et grande, sur des chaussures incroyablement hautes et roses, ornées de noeuds-noeuds extravagants, porte des lunettes invraisemblables, énormes, en plastique rose piquetées de strass. Elle attend pour traverser la rue, en discutant avec sa copine qui paraît d’une bien terne normalité à côté d’elle.
Une femme de 60 ans, coquette dans une robe rouge et noire en soie. Sur la tête, un chapeau sur lequel volettent les plumes rouges d’un boa. Son mari trottine à côté d’elle, en tee shirt débraillé et jean, et porte ses paquets en l’écoutant d’un air respectueux…
Un vieux noir passe, fatigué, des bagues plein les doigts, les épales voutées, lentement… Il porte la misère du monde… Un autre, assis sur un pliant, fait la manche en plaisantant avec les passants, tout en tendant vaguement un gobelet en carton de Mc Do.
Une voiture énorme, rutilante, passe. Un homme d’affaires noir au volant.
D’autres voitures luxueuses et brillantes, des camions comme dans les films et puis des ambulances, des pompiers, des voitures de police passent, sirènes hurlantes.
Une femme chic et distinguée traverse Central Park dans le bus. Elle porte une jolie robe bleue qui la met parfaitement en valeur et ses yeux intelligents apparaissent parfois sous son grand chapeau de paille.
Calme tranquille de Central Park. Les oiseaux lancent des trilles qui couvrent le fond sonore des moteurs de la grande ville. Jeux des écureuils qui se poursuivent d’arbres en arbres. Un homme fait du Qi Gong. Un autre, accroupi sur une grosse pierre, serre ses genoux dans ses bras. Il semble aller mal, avoir peur. Il est immobile comme s’il essayait de récupérer de l’énergie grâce à la pierre, à l’arbre, au spectacle de la nature qui rit devant ses yeux, éclaboussée de soleil.
Repas pantagruéliques, des assiettes comme des plats pour 4. Boutiques et boissons diététiques dont des smothies à l’herbe à chats, verte et mousseuse, servie avec une paille.
Vue de Manhattan depuis Brooklin. Magnifique. Pleine des rêves de ceux qui sont arrivés ici.L’océan scintillant qui vient battre sur les buildings. La matérialisation de tous les possibles…
Tristesse encore sensible de la blessure du World Trade Center. Incompréhension de cette violence faite à cette ville qui se veut ouverte. Traumatisme.
Une ville qui pousse à créer, mais où j’ai envie de n’être que de passage…
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