Les cerisiers du jardin sont recouverts de fleurs. Dans mon hamac, somnolante dans la langueur de ce début d’après midi ensoleillé, je reçois une pluie de pétales blanches comme une neige d’été. Elles virevoltent devant mon nez, dansent dans les rayons du soleil, caressent mes bras nus, se glissent tout contre moi…
L’arbre fleuri, au dessus de ma tête, est magnifique. Il se détache sur le bleu sans nuages du ciel. Noir des branches tordues, blanc des milliers de fleurs ouvertes aux insectes, dessin posé sur du bleu pur. On dirait du Staël. Ou un tableau japonais contemporain. Je respire. Tout est calme. Les enfants lisent ou jouent tranquillement avec le chien, je traîne dans ce hamac, un livre à la main, que je lis par intermitence. Parfois, je ferme les yeux et je me laisse emporter par cette vague de douceur. Je dors un peu, je rêve.. Mon esprit s’évade, attrape un mot, une idée au vol, joue avec, s’interroge, comprends et puis s’élance pour aller voir ailleurs ou pour s’évaporer, dans la liberté de l’instant.
Beauté, légèreté, mon âme danse.
Je suis le bourdon qui butine cette profusion de fleurs, je suis l’oiseau qui volète de branche en branche à la recherche d’un endroit où nicher, je suis le bleu pur du ciel, je suis le rire des enfants. Je suis tout cela et en même temps, je suis profondément moi…
Sensation étrange, que je ne connaissais pas.
Pas de devoirs, pas d’obligation, pas de jugements, pas de peur du regard des autres… Juste le plaisir d’être. Simplement. Je souris en écrivant cela… C’est un petit moment de bonheur que cette après midi là.
Il a été. J’en ai profité, et puis, il s’est évanoui parce qu’il fallait bien reprendre pied dans la réalité objective de la vie. Faire manger les enfants et les ramener à leur père, le coeur serré et lourd.
Mais qu’importe, il a été et j’en remercie la vie. Il a été et me remplit de force pour les jours qui viennent. Il reviendra.
Le bonheur, comme l’amour, ce ne sont pas des états, des statuts que l’on arrive un jour à attraper et qu’il ne faut pas lâcher. Ce ne sont pas de Graals à conquérir et à garder jalousement comme un trésor précieux. Non, le bonheur, comme l’amour sont des chemins. Ils sont libres, vont et viennent, nous surprennent toujours. La seule chose à faire est de ne rien faire. Ne plus leur courir après mais leur ouvrir notre coeur pour être capable de les accueillir dignement lorsqu’ils se présentent.
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